Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 13 août 2023 : Matthieu, 14, 22-33
Pour réfléchir à partir de cet Evangile, il est bon de se rappeler que dans la Bible la montagne est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu, que la mer ( les eaux ) est vue comme le lieu mystérieux où habitent les forces du mal, que les vagues et le vent contraire évoque les assauts du mal et que la barque fut, très tôt, l’image, le symbole, de l’Eglise.
Cette page d’Evangile se présente comme un scénario où se succèdent des scènes très contrastées : après l’agitation de la foule ( le partage des pains et des poissons en Matthieu 14, 13-21 ) Jésus se retire dans la montagne pour retrouver le calme et prier, tandis que ses disciples se débattent dans leur barque ; vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux et le calme se fait.
L’époque de la rédaction de l’Evangile a aussi son importance : dans les années après la résurrection de Jésus, Matthieu s’adresse à des chrétiens, d’origine juive, particulièrement mis à l’épreuve ; au fait d’avoir été rejeté par leurs anciens amis restés attachés aux traditions du judaïsme, s’ajoutent des difficultés et des persécutions et même s’ils sont animés par la foi en Jésus ressuscité, ils sont déroutés par ce qui leur arrive et se sentent comme abandonnés par Lui..
Pour ce qui est de la communauté des disciples, voir en Actes des Apôtre : 5, 17-42 – 7, 54-60 – 8, 1-4 – 12, 1-19 –
C’est dans cette situation que se fait la méditation de ce qui s’est passé du temps où Jésus était, physiquement, avec ses disciples ; de façon imagée, le récit et son message sont une réponse à leurs questions et doutes
Ils se reconnaissent bien dans ces disciples qui, non seulement, n’ont pas pu s’installer dans le succès du partage des pains et des poissons, mais sont seuls, la nuit, dans une barque secouée par les vagues : Jésus les rejoint à la fin de la nuit, marchant sur la mer ; le dialogue entre Jésus et Pierre met en évidence la foi et les doutes de Pierre ; ce dernier pose d’abord un acte de foi, puis, pris de peur, il doute et crie vers Jésus, ce dernier étend la main, le saisit et le sauve.
L’ensemble est un récit pascal : Jésus ressuscité est victorieux des forces du mal, il foule le lieu où elles habitent, il y rejoint ses disciples, il les rassure et les sauve. Mais avec lui on ne peut jamais rêver de rester installé dans une situation bien tranquille, au cœur des événements, il nous appelle et nous fait partir ailleurs.
A partir de là, nous pouvons ”regarder”, réfléchir et prendre quelques décisions.
Quelles sont nos ”peurs”, quelles sont ”les vagues et le vent contraire” qui nous ”secouent” de temps en temps ?
Dans ce qu’il nous est donné de vivre, dans ce qui nous arrive, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau d’un groupe, comment réagissons-nous ?
Que devient notre foi en Jésus-Christ quand nous sommes pris dans les remous de de l’existence comme dans les remous de la vie en société et en Eglise ?
Mais les ”vagues et le vent contraire” ne viennent pas uniquement de faits extérieurs à nous, nous pouvons aussi les provoquer par nos paroles, nos comportements, nos initiatives maladroits ou inadaptés ; c’est par la relecture de notre vie – la révision de vie – que nous pouvons en prendre conscience et donc prendre des décisions en conséquence.