19° DIM. Temps Ordinaire – Année B – 12 août 2018 –
Ce récit fait partie d’un ensemble qu’on appelle : le discours sur le pain de vie – Jean, l’évangéliste, a fait plus que rédiger un récit relatant un débat entre Jésus et les juifs ; alors, chercher à avoir dans un passage d’Évangile comme celui-ci le compte rendu exact de ce qui s’est dit au juste , n’aurait sûrement pas plus de sens que de désirer voir dans une icône le portrait de Jésus….
pour l’ensemble de son chapitre sur le pain de vie, Jean a probablement en tête ce que font les chrétiens quand ils célèbrent l’Eucharistie. C’est le lieu où ils dépassent le voir pour le croire, où ils acceptent de venir à Jésus pour littéralement, le manger – nourrir leur foi en Lui, en le digérant ….
c’est ce que nous faisons en cette Eucharistie : c’est une affirmation énorme qui se décline ainsi : croire que Dieu invisible aux yeux humains s’est rendu visible dans l’homme Jésus ! croire que Dieu est capable de se mêler ainsi à l’humanité ! croire que Jésus ressuscité se donne en nourriture….
Si on y réfléchit un peu, on comprend que ces juifs ont récriminé contre Jésus : ils connaissaient son origine : alors comment ose-t-il avoir la prétention inouïe d’être descendu du ciel – c’est-à-dire d’être ‘’sorti de Dieu’’ d’être venu en son Nom, d’être SA parole vivante ! .et encore bien plus, d’être LA nourriture donnée par Dieu , LE pain qui donne la vie éternelle et nous y donne part dès maintenant !
Nous qui communions régulièrement mesurons la portée de notre geste à la lumière de cette page d’Évangile, Qui croit en moi a la vie éternelle – Moi, je suis le Pain Vivant – si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ..
le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie …
….le mot ’’ chair ‘’ signifie ici : l’homme dans sa totalité, sa vie, son être au monde, ce qui fait de lui un vivant qu’on peut rencontrer …
les paroles de Jésus, ses affirmations fortes, ne sont pas, en premier lieu des sujets de discussions … ils ne se comprennent pas à force d’explications : essayer voir de démontrer à un non-chrétien que Dieu, le Tout Autre, celui qu’on ne peut pas se représenter, s’est donné à voir dans l’Homme-Jésus et celui-ci, au cours de cette célébration se donne à nous comme nourriture pour la vie qui durera toujours … c’est à croire …à vivre .. et comporte à la fois un versant divin : Jésus qui est venu au nom de Dieu et un versant humain il précède les croyants sur les chemins des hommes
Jésus, pour se révéler Fils de Dieu prenant la route qui passe par les humains, qui passe par leur vie, se faisant proche d’eux, cheminant avec eux, pour les amener, à être proche de Dieu et proche de leurs frères et soeurs en humanité.… et cela vaut toujours pour nous aujourd’hui …. croire à ce qu’a écrit l’évangéliste, croire à l’Eucharistie, nous entraîne, ici, à communier bien sûr,
mais communier, dans quoi cela nous entraîne-t-il, nous engage-t-il ?
dans une direction qu’on peut résumer ainsi :
communier au Corps du Christ, c’est entrer plus avant dans le désir du Christ de se faire proche de nous, à travers les gestes et les signes de l’Eucharistie
communier, c’est entrer plus avant dans l’expérience de tous ces croyants dont la vie a été bouleversée par la rencontre avec le Christ, par la communion avec lui
communier, c’est nous laisser entraîner par le Christ dans une relation fraternelle entre nous, ainsi que dans une relation fraternelle entre nous et ceux que nous connaissons
Si, dans notre pratique de l’Eucharistie, l’un des trois éléments serait absent, des questions de fond se poseraient à nous, du genre : … que faisons-nous ici au juste ? …. de quel Jésus faisons nous mémoire ? .… en quel Dieu croyons-nous ?
après ces trois questions une proposition en lien avec cette page d’Evangile : essayez d’être particulièrement attentifs : à l’ensemble de la prière eucharistique que je vais dire au nom de toute l’assemblée, au sens des paroles et des expressions, (la III ou la IV pour grandes assemblées* ) non pour tout comprendre une fois pour toute du mystère de l’Eucharistie, mais pour, entre autre, y discerner les appels qui s’en dégagent pour notre pratique chrétienne de tous les jours..
– * des 2 prières eucharistiques :
III Donne à tous les membres de l’Église de savoir lire les signes du temps à la lumière de la foi et de se dépenser sans relâche au service de l’Evangile. Rends-nous attentifs aux besoins de tous, afin que partageant leurs tristesses et leurs angoisses, leurs espérances et leurs joies, nous leur annoncions fidèlement la Bonne Nouvelle du salut et progressions avec eux sur le chemin de ton Royaume.
IV : Ouvre nos yeux à toute détresse, inspire-nous la parole et le geste qui conviennent pour soutenir le prochain dans la peine ou dans l’épreuve ; donne-nous de le servir avec un cœur sincère selon l’exemple et la parole du Christ lui-même.
Fais de ton Eglise un lieu de vérité et de liberté, de justice et de paix,pour que l’humanité toute entière renaisse à l’espérance.