1° Dimanche de l’Avent – Année A – 2019 – Matthieu 24, 37-44
La foi chrétienne, vécue de façon vraie, c’est une religion du désir ; elle nous tourne vers l’avenir, vers ce qui vient, vers Celui qui vient : Jésus-Christ – Ce désir, nous le constatons, et surtout nous l’expérimentons, est toujours confronté à la réalité, à ce qui se passe dans notre vie, autour de nous, et dans le monde.
Le message de l’Evangile fait désirer l’avènement d’un autre monde, d’une autre vie, où règne la paix, la justice, l’entente, la solidarité, le respect et ce qui se passe un peu partout en est assez loin en général.
En réaction devant cet état des choses, nous pouvons être tenté par un repli, juste sur notre vie, en nous fabriquant une foi, une religion, bien tranquille, nous mettant bien à l’abri, nous sortant même de la complexité du monde ; mais croire au Christ nous appelle à refuser ce genre d’évasion.
Il y a aussi à l’œuvre la tentation de se révolter, de recourir à la violence pour changer les situations, l’histoire montre que le seul résultat a été la multiplication du malheur d’origine ; et il y a encore bien d’autres manières d’échapper à la réalité et à la condition du moment ; la foi chrétienne les refusent toutes, sans pour autant tomber dans la résignation et dans le fatalisme.
La page du Livre d’Isaïe, ( Isaïe 2, 1-5 ) le passage de la lettre de l’apôtre Paul ( Romains, 13, 11-14a ) et l’Evangile selon Matthieu ont montré un chemin aux croyants qui, en leur temps, les ont entendu, médité, et en ont nourrit leur foi.
Si nous les avons lu et écouté ce soir, c’est pour la même raison : bien sûr aucun de ces 3 textes ne nous dit ce qu’il faut exactement faire en notre temps pour vivre en chrétien – d’abord il faut, pour ainsi dire, conjuguer nos 3 textes avec d’autres paroles de Jésus, puis, il y a toujours, pour nous, un travail de réflexion à faire en croisant ces paroles avec ce que nous vivons aujourd’hui.
Quand, dans l’Evangile, Jésus parlait à ses disciples de sa venue, il s’agissait de sa venue à la fin de l’histoire humaine, de son ultime retour en pleine lumière : là nous sommes en plein dans un avenir que personne ne pourra jamais prévoir.
Face à cet a-venir imprévisible, il y a déjà eu un passé qui ne se revivra plus : c’est Jésus s’incarnant pendant plus de 30 ans dans la condition humaine et, en 3 ans environ, annonçant en paroles et en actes que le Royaume de Dieu s’est approché –
nous, par contre, nous évoluons dans le présent : et c’est dans ce présent-là, qui n’est pas toujours facile à vivre, que nous avons, non pas à construire le Royaume de Dieu, mais à l’accueillir : la venue du Christ n’est pas au bout de ce que nous faisons, car c’est un don : nous avons le pouvoir de le recevoir et de le transmettre :
l’amour qui vient de Dieu, l’Amour qui est Dieu, peut nous atteindre, nous traverser, nous faire aller vers les autres – c’est sûrement sur ce plan que nous interpelle les paroles de Jésus entendu dans l’Evangile: ‘’veillez donc … tenez-vous donc prêts ‘’
être prêt à mettre en œuvre l’enseignement de Jésus, veiller à ce que ses paroles nourrissent notre foi et orientent notre vie,
l’apôtre Paul, pour le faire comprendre aux chrétiens de Rome, leur a écrit en utilisant des images, des comparaisons : – rejetons les activités des ténèbres – dans son propos, c’est des faits réels : les ripailles, les beuveries, les orgies, les débauches, les disputes, les jalousies, qui sont des activités des ténèbres : aujourd’hui c’est tout ce qui abîme la vie des hommes et les relations entre eux –
par contre : revêtir Jésus-Christ, c’est se revêtir pour le combat de la lumière : – la ‘’lumière’’ désigne tout ce qui bon pour la vie des humains et pour les relations entre eux –
le temps de l’Avent vient nous redire cela – le temps de l’Avent nous est donné pour que, d’une façon particulière, nous reprenions conscience de l’Amour du Christ qui nous enveloppe, de sa Présence que ne se cesse de se manifester, non d’une façon massive, mais discrètement, par toutes les paroles et les actions humaines qui mettent en œuvre les bons désirs qui habitent les coeurs des hommes, les désirs qui correspondent aux désirs du Christ pour eux.