Homélie du 21 février 2016

2° DIMANCHE DE CAREME – ANNEE C – 21 02 2016  Homélie à Guebwiller
1ère lecture: Genèse , 15, 5-12, 17-18 2ème lecture : St Paul aux Philippiens, 3, 17 – 4, 1

Evangile: Luc 9, 28b-36

Ce qui est appelé à devenir autre, c’est la vie humaine ; car ce qui y est fondamental, c’est plus que ce qu’on voit au premier regard, qui souvent ne s’arrête qu’aux apparences et il arrive que même des non-chrétiens témoignent d’un regard qui va au-delà de ce qui est visible, comme ces deux paroles humaines le donnent à entendre, je les cite : « Je suis sûr, au fond des revendications d’absolue justice de retrouver Dieu. Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et par suite, les haines d’homme à hommes, de nation à nation et créer l’humanité qui n’est pas encore… De cette passion de l’humanité, quelque chose sortira de plus grand que l’humanité elle-même et de l’ardente nuée humaine jaillira un éclair divin » et encore : « Oui, je crois que la vie est plus forte que la mort ; ce que nos yeux ne peuvent peut être pas voir, d’autres yeux le verront. Et la lumière l’emportera sur les ténèbres, la vie sera plus forte que la mort »

La première parole est de Jean Jaurès, le leader socialiste assassiné en 1914 juste avant la première guerre mondiale et la deuxième est de Jacques Duclos qui fut secrétaire général du parti communiste français dans les années 1960 – pourtant ni l’un, ni l’autre n’avaient pris Jésus-Christ comme lumière de leur vie… alors nous, qui avons la chance d’avoir le Christ comme compagnon de route, d’écouter sa parole et d’en vivre, qu’est-ce que cela nous fait voir du ‘’tout autre’’, de Dieu, de Jésus-Christ qui est présent et agissant dans le quotidien et les événements ?

Nous sommes les participants d’une histoire humaine relue à la lumière de la foi en Dieu ; dans cette histoire sont retenues des paroles de croyants comme Abraham qui, dans un contexte bien différent, relit et exprime son expérience du Dieu de l’Alliance dans des modalités qui nous surprennent ; Dieu passe entre des carcasses d’animaux coupés en deux, il fait ainsi le lien entre lui et l’homme.

Depuis la résurrection ce lien ce fait à travers Jésus de Nazareth, reconnu comme le Fils, le choisi par Dieu, celui qu’il appelle à écouter et Luc, pour le présenter, a fait appel à des signes bibliques : la montagne, lieu de la rencontre avec Dieu – le vêtement blanc : signe qu’on est dans le domaine de l’Alliance de Dieu – Moïse : celui qui a donné la Loi – Elie : le prophète dont le retour annoncera les derniers temps La nuée : référence à la nuée signe de la présence de Dieu qui guide son peuple –

Dans cette page d’Evangile, il y a un petit détail très important auquel on ne fait pas trop attention « Pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus seul » Une façon de dire que c’est Jésus qui est le lieu de l’Alliance – que c’est le Christ qui est devenu la référence, qui est le fondement de la foi, de l’espérance et de la charité, l’apôtre Paul l’a bien compris et l’a expliqué dans sa lettre aux Philippiens que nous avons entendu juste avant l’Evangile : une lettre qu’il s’agit de décrypter : quelques clefs pour le faire : «  beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ » par croix du Christ, Paul désigne en même temps, sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection – «  leur Dieu c’est leur ventre » il ne vise pas ici les goinfres et ceux qui mangent et boivent trop pour unique plaisir – mais ceux qui prétendent que les prescriptions alimentaires juives restent indispensables pour vivre en disciple du Christ – c’est comme si le baptême : être plongé dans la mort et la résurrection du Christ, ne suffit pas pour être sauvé – c’est ceux qui affirment que les lois et traditions juives restent indispensables que Paul désigne pas ‘’ennemis de la Croix du Christ ‘’ Et pour nous, comment cela se traduit-il ? – ou bien nous croyons être sauvé par nos pratiques ou bien nous croyons que nous le sommes, gratuitement, par Dieu. Dire que nous croyons que c’est Jésus-Christ qui nous libère et nous sauve, c’est dire que nous mettons notre confiance en lui et non pas d’abord en nos actions – y compris notre participation à la messe – et nos mérites ! Ce que nous faisons, dans le sens de l’Evangile, c’est notre réponse à l’appel  du Christ et à l’amour de Dieu – notre participation à la messe, c’est le moyen indispensable pour entretenir en nous le don de notre baptême et notre adhésion à ce que nous avons entendu dans l’Evangile : 

« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le »

Ecouter Jésus à travers les Evangiles…à travers la vie de l’Eglise… à travers la vie des autres..… et ausis à travers des événements…

Ecouter la Parole.. la manger, la digérer, la laisser agir en nous

Ecouter la parole… faire silence en nous pour pouvoir vraiment l’entendre

Ecouter la parole… entrer dans un autre regard, celui du Christ..

Ecouter la parole… faire nôtre, au mieux, le respect, le partage, le pardon, pour que les relations humaines soient meilleures, plus vraies… pour que la vie soit plus humaine… Ecouter la parole…écouter Jésus , c’est prendre le chemin pour aimer comme lui, …c’est accepter de nous laisser comme envelopper par sa présence.

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