Homélie du 7° dimanche du temps ordinaire – Année A – 19 02 2017 à THANN
L’expression « Oeil pour oeil et dent pour dent » est tirée de la Loi du Talion qui remonte à l’époque de Moïse, malgré sa cruauté elle dépasse la vengeance pure et dure, et souvent disproportionnée, qui avait cours chez les peuples voisins , elle constitue donc un progrès et encourage à progresser vers plus de justice
Dans son enseignement, Jésus ne condamne pas la loi du talion qui, à son époque, sauf pour meurtre, s’est transformée en compensation financière, mais il invite ses disciples à la dépasser, à sortir du légalisme, à aller au-delà….
Matthieu, l’évangéliste, qui s’adresse à des gens encore imprégnés par le judaïsme reprend les paroles et l’enseignement de Jésus pour leur préciser que le chrétien, celui qui écoute sa parole et suit le Christ, celui qui est membre de l’Eglise est appelé, non pas à être meilleur que les autres, mais différent, à réagir de façon différente..
En évitant de faire des parallèles entre ce temps et le nôtre, essayons de voir en quoi ces paroles nous interpellent :
il s’agit, en ce qui concerne nos relations interpersonnelles d’essayer de rompre le cercle de la violence verbale, de l’injustice, du malentendu, de la rumeur malfaisante, et non pas d’être celui ou celle sur lequel on pourrait taper sans qu’il réagisse, ….
on voit bien où mène la pratique de rendre par une ‘’crasse’’ équivalente la ‘’crasse’’ que l’autre nous a faite, répondre à l’injustice par une autre injustice…à la violence verbale par une violence équivalente…. c’est une spirale qui peut être sans fin, si quelqu’un ne la casse pas
Dans cet Évangile, on est encore ‘’ poussé ‘’ plus loin que ça : « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent…. »
Jésus-Christ est audacieux en sa demande, on peut même avancer qu’il ne manque pas d’air, qu’il est gonflé : Aimer les ennemis, priez pour les persécuteurs, c’est une forme d’amour ouverte sur l’espérance d’un changement possibles chez ces derniers et laisser à Dieu seul le soin de juger l’autre.
En moins dramatique : contrer quelqu’un à bon escient, lui résister de façon adaptée, dénoncer une injustice, en faire prendre conscience à celui qui l’a commise c’est en fin de compte l’aimer d’une certaine façon….
Pour chacune des paroles entendues dans cette page d’Evangile, nous avons la responsabilité de réfléchir, de croiser l’esprit de chacune avec des faits réels auxquels nous sommes mêlés, où dont nous sommes témoins, pour voir sur quoi nous pouvons peser en vue de l’évolution bénéfique d’une situation, d’une amélioration dans des relations interpersonnelles….
Les paroles du Christ ne sont pas destinées à faire de nous des mous ou des résignés, mais des croyants adultes dans leur foi, prenant leurs responsabilités pour changer le monde qui commence dans notre famille, dans notre cercle de relations et continue en tous lieux où nous évoluons
Le but étant donné par : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » j’ai quelques réserves à propos de cette exhortation , car un jour j’ai lu : « Il y en a qui veulent tellement être parfaits qu’ils en deviennent intolérants pour les autres » alors je préfère l’antienne de l’acclamation de l’Evangile : » En celui qui garde la parole du Christ, l’amour de Dieu atteint sa perfection » … nous avons encore du chemin à faire…
et une sacrée question en face de nous : « est-ce que mes paroles et mes comportements envers les autres, laissent transparaître quelque chose de l’amour de Dieu ? »