Samedi 7 février 2015 – 70ème anniversaire de la libération de Bollwiller, Feldkirch et Raedersheim – 1ère lettre de St Jean 4, 7-9 et 11-12 – Ev selon St Jean 14, 23-29– à Feldkirch
Liberté, égalité, fraternité :
il y a 70 ans, ici, et ailleurs, cette trilogie a commencé à émerger progressivement de la nuit de l’occupation et de l’oppression qui, telle une chape de plomb, l’avait étouffée, écrasée, durant de longues années.
Pensons à l’espoir qui, alors, était dans tous les coeurs, espoir d’une vie de nouveau humaine, espoir d’une vie meilleure, pensons de même à ce qui a été décidé, et mis en œuvre depuis ce temps-là, pour lui donner consistance et réalité tout au long des décennies qui ont suivie ; apprécions-le et soyons reconnaissants à tous ceux et celles qui y ont contribué : les travailleurs et les travailleuses du pays, les membres des syndicats, des partis politiques, les élus de tous bords et à tous les niveaux.
Hélas, tout ne se passa pas toujours dans le meilleur des mondes, depuis la libération, bien des choix ont débouché sur des événements tragiques qui ont ternis notre belle trilogie.
Liberté, égalité, fraternité :
que deviennent ces trois termes en notre temps ?
Être libre : avoir les mêmes chances dans la vie, vivre en bonnes relations, ces aspirations sont, en principe, dans le coeur de chacun et sont aussi contre-carrées par bien des choses.
Pour lutter contre ce qui leur fait obstacle, nous n’avons pas tous les leviers en main, mais nous en avons quand mêmes quelques uns, même si ce ne sont que de petits leviers.
Commençons par nous demander : ai-je vraiment en moi la volonté d’être libre par rapport à tout ce qui risque de fausser ma perception de la réalité sociale ? ai-je en moi le désir de donner une seconde chance, voire plus encore, à celui qui, contre son gré, a été marginalisé ? ai-je en moi le désir de vivre des relations humaines les plus vraies possibles ?.
Peut être bien que nous avons encore et toujours besoin de nous libérer, et d’être libéré : de certains préjugés, de la tentation de juger autrui de façon hâtive et superficielle car nous ne connaissons pas bien ce à quoi il a du faire face, de la tentation de désigner des ”boucs émissaires” qui seraient responsables de toutes les difficultés.
Sans oublier la tentation de prêter une oreille complaisante aux solutions simplistes qui prétendent répondre à la complexité des situations de notre société.
Oui, je crois que nous avons besoin d’être libéré de tant de choses qui encombrent, plus ou moins, notre esprit et risquent de faire obstacle à une réelle fraternité et sur ce plan là, nous sommes concernés par la teneur de la lettre de St Jean, en son temps il avait écrit à des chrétiens :” mes bien-aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres” en réponse à ”Dieu qui est amour”.
Comprenons bien : cet amour que St Jean met ainsi en évidence, ce n’est pas un sentiment à l’eau de rose qui nous ferait ”chaud au coeur” : il s’agit là d’une décision : de la décision de respecter l’autre au nom d’une commune humanité, de considérer l’autre comme un égal en dignité, d’entrer en relation, en dialogue, pour mieux comprendre ce qui donne sens à sa vie, ce qui le fait vibrer et espérer.
Qui que nous soyons, que ce soit individuellement, ou en tant que membre d’une association, d’un syndicat, d’un parti politique, d’un conseil municipal, d’un service ou d’un mouvement d’Eglise, nous avons la mission exigeante et passionnante, de contribuer, par nos propos, nos comportements, nos initiatives, à garder, et si besoin, à rendre un peu plus humain le monde qui commence là où nous sommes.
Et en tant que chrétien soyons conscients que si la foi ne nous rendrait pas plus humain, nous serions dans une espèce de religiosité mystico-gélatineuse et non sur le chemin d’un croire libérant ; c’est tout autant vrai pour toute philosophie et idéologie ; est-elle humainement libérante ou engluante ? Il revient à chacun d’y réfléchir.