Homélie du 23° dimanche du temps ordinaire – Année C – 2019 –Luc, 14, 25-33
En venant participer à cette messe, que venons-nous faire, si ce n’est célébrer la mort et la résurrection du Christ, nous y replonger pour vivre en et de Lui : tout au long de cette célébration, nous le prions, nous accueillons sa Parole pour qu’elle imprègne notre esprit, nous louons Dieu et nous lui rendons grâce par le Christ, avec Lui et en Lui, comme cela est dit solennellement à la fin de la prière eucharistique, – nous le recevons en communion et nous faisons ainsi partie des successeurs de ces grandes foules qui faisaient route avec Jésus
C’est donc vers nous que Jésus se retourne pour nous interpeller par tout ce qui constitue cette célébration et d’une façon particulière à travers la page de l’Evangile ; en l’écoutant, nous avons pu prendre conscience d’un certain décalage entre les paroles dites par Jésus en son temps et notre vie de chrétiens dans une société très différente
L’essentiel de notre page d’Evangile : Venir à lui en le préférant à toutes nos relations et affections humaines, et même à notre propre vie – porter notre croix et marcher derrière lui – renoncer à tout ce qui nous appartient, le tout pour être son disciple et, au milieu de ces exigences, deux paraboles qui appellent à réfléchir….
C’est donc comme des appels à réfléchir qu’il nous faut écouter ou lire l’Evangile : et là je ne peux que vous donner quelques éléments de réflexion:
« faire passer notre attachement au Christ avant toutes nos relations et nos affections humaines ? « Faudrait-il les oublier, les négliger, les tenir pour insignifiants ? ou ne pas nous enfermer dans nos affections humaines pour être disponible pour suivre le Christ en vivant en Lui, nos relations et nos affections humaines ….
« porter sa croix pour marcher à sa suite … » ‘’ dans l’histoire de l’Eglise, longtemps, on a fait une lecture doloriste de cette parole : le vrai chrétien apparaissait presque comme le chrétien qui endurait le plus de souffrances possibles, là, il faut se souvenir que confrontés à des épidémies, des guerres, des violences, des persécutions les chrétiens ne voyaient pas trop comment échapper à ce qui les faisait ainsi souffrir, alors ils ont interprété cette parole pour donner sens à ce qui leur arrivait – porter sa croix pour marcher à la suite de Jésus
c’est bien actuel, en effet, nous constatons que des tracas, des difficultés, des épreuves de toutes sortes jalonnent notre vie. : notre première responsabilité, c’est de ne pas nous résigner, c’est d’y faire face, de trouver des solutions, de combattre si possible ce qui nous atteint, nous savons aussi que dans cette lutte nous n’avons pas toujours le dessus, mais est-ce une raison pour cesser de croire en Jésus-Christ ? je crois que c’est là la question essentielle :
le Christ nous appelle à marcher à sa suite, derrière Lui, avec le tout de notre vie, les événements réjouissants, les difficiles et les franchement douloureux et de ne pas les prendre comme prétexte pour nous éloigner de Lui…
nous avons aussi entendu l’appel à s’asseoir pour réfléchir avec l’histoire de la tour à bâtir et celle du roi qui part en guerre : s’arrêter pour réfléchir ? l’appel est précis : ‘’ est-ce que je prends du temps, pour m’arrêter, pour faire le point de ma vie, de ma façon de vivre, pour vérifier si mes choix, mes engagements et mes initiatives sont humainement valables et profitables pour moi et pour ceux et celles qui font partie de ma vie, et pour vérifier si c’est vécu en Jésus-Christ ?
le Christ ne nous demande pas de croire en lui sans réfléchir – nous n’avons pas à passer pour des naïfs ou des demeurés, mais pour des croyants ayant les pieds sur terre et les yeux fixés sur le Christ pour ne pas nous tromper dans notre marche …
et nous voilà à l’exigence la plus renversante :. renoncer à tout ce qui nous appartient pour être disciple du Christ ! à ce régime-là il n’y en aurait très peu ; cette parole est à croiser avec d’autres : par exemple : « vous ne pouvez pas servir deux maîtres à la fois, vous ne pouvez pas servir Dieu et Mamon », – c’est-à-dire l’argent-idole ! …..
l’argent est l’un des moyens nécessaires pour vivre décemment – un emploi permet de gagner de l’argent pour mener une vie humaine digne de ce nom ; renoncer à ce qui nous appartient pour être disciple du Christ devient en notre temps : veiller à mener un train de vie qui ne soit pas une injure pour ceux et celles qui se débattent pour vivre décemment, veiller à mettre les biens matériels et l’argent à leur vraie place, qu’ils restent des moyens pour vivre et non des raisons de vivre. et veiller à ce que nous soyons et devenons des êtres humains, des êtres de relation qui trouvent leur bonheur dans la recherche du sens de leur existence et dans la qualité des liens qu’ils tissent avec leurs semblables et, dans la foi, avec le Christ.