Homélie du 21° dimanche du temps ordinaire – Année C – 25 août 2019 –
Luc 13, 22-30
A la fin des temps, combien de gens seront sauvés ? à l’époque de Jésus, certains maîtres à penser affirmaient que tous les membres du peuple élu seront sauvés, d’autres disaient que ce serait juste un petit reste du peuple….d’où la question que ce ‘’quelqu’un’’ adresse à Jésus.
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » c’est homme parle comme si nous étions totalement passifs, comme si quelque décision divine destinait certains au salut et d’autres à leur perte.
La question que l’homme pose est au passif : « être sauvés » ce qui suppose l’existence d’une mauvaise prédestination….
Soyons conscient que, selon la foi en Dieu, le Dieu Père que Jésus est venu révéler, rien ne se passe pour l’homme sans qu’il soit partie prenante, sans son désir, son choix, ou tout au moins son accord…
Pour Jésus, la question est donc mal posée, c’est pourquoi il répond par de l’actif : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite… »… le mot grec qui a été traduit par « efforcez-vous » est plus fort encore, il signifie : « battez-vous … » cela donne « Battez-vous pour entrer par la porte étroite… »
Se battre pour entrer ? … se battre contre quoi ? ….contre qui ? – peut être bien contre nous–mêmes… Dieu propose…Jésus-Christ propose , et l’homme dispose – Dieu donne, l’homme prend ou ne prend pas….
Pour Dieu, nous sommes libres de choisir notre destin, c’est-à-dire : libre d’accueillir ou non la priorité absolue de l’amour – Croire en Lui n’est pas d’abord un sentiment, mais bien une décision de notre part, même si la décision de croire fait naître en nous une multitude de sentiments et d’émotions…
« s’efforcer d’entrer par la porte étroite » La porte étroite, c’est Jésus qui marche vers sa passion, qui va passer par la mort et la résurrection, et par la parabole qu’il raconte, il entend faire comprendre à ses auditeurs et donc à nous-mêmes que c’est là que se situe le passage étroit : « passer par la mort et la résurrection de Jésus ? »
Il n’existe qu’un seul chemin : la conversion, se convertir au ressuscité, à ce qu’il est, à ce qu’il nous donne, la conversion qui s’inscrit dans la prise au sérieux de l’existence humaine présente.
Nous portons tous en nous quelque chose qui nous empêche de passer par la porte étroite de la conversion c’est-à-dire qui nous empêche de progresser, de grandir dans la foi, de répondre à l’appel du Christ qui nous parle à travers l’Evangile, d’aimer ceux qui nous entourent, – chacun de nous peut y réfléchir et en faire la liste…
Il reste que dans l’Evangile, la scène de la porte étroite qui sera même fermée à un moment donné par le maître de la maison peut nous faire tiquer, comme si Dieu n’aimerait pas accueillir tous les humains au festin dans son Royaume…
Dieu, Jésus-Christ, nous mettrait-il des obstacles supplémentaires sur le chemin qui mène à cette porte ? Ou est-ce une invitation à ne pas nous laisser vivre et bercer dans une foi bien tranquille ?
A ceux qui, dans l’Evangile, crient : « Seigneur, ouvre-nous… nous avons mangé et bu en ta présence et tu as enseigné sur nos places » Jésus répond qu’il ne les connaît pas… ceux qui sont ainsi visés ce sont les juifs qui ont refusé de le reconnaître comme le Messie, l’envoyé de Dieu…
Pour nous, cela résonne autrement : il ne suffit pas de prier, de participer régulièrement à la messe, de lire l’Evangile… .je ne dis pas que c’est inutile ! …
C’est une base de départ, une base qui perdrait son sens si on y resterait….une base, c’est pour en sortir, en partir et prendre le chemin de la mission …
Ce n’est rien de nouveau, nous l’expérimentons déjà : Être et devenir familiers du Christ ne va pas sans, en même temps, nous faire proches des autres…
La fin de notre page d’Evangile parle de ceux qui viennent de partout prendre place au festin dans le Royaume de Dieu : ce sont tous ceux qui, sans avoir connu le Christ, ont trouvé la porte étroite le jour où ils ont ouvert la leur : celle de leur maison, de leur chéquier, de leur cœur à quelqu’un :
Donc, ce n’est pas Dieu qui fermerait sa porte à certains, mais c’est ceux qui fermeraient la leur aux autres qui n’en trouverait pas le chemin à temps…