Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 18 juin 2017 – Jn 6 , 50-58
St Jean a regroupé dans le cadre du Discours sur le Pain de Vie, les paroles de Jésus qui donnent aux chrétiens le sens de l’Eucharistie, – les trois autres évangélistes ont gardé les paroles de Jésus lors du dernier repas qui correspondent en gros au rappel que fait l’apôtre Paul dans une de ses lettres aux Corinthiens, rappel qui consiste à leur préciser que ce qu’il leur a transmis, il l’a lui-même reçu de la tradition qui vient du Christ.
Si nous recherchons une exactitude historique quant aux dates, nous serons déçu, car c’est un an avant le dernier repas de Jésus avec ses disciples que nous avons le sens de ce qui s’est passé à ce moment-là, et surtout de l’Eucharistie qui, au moment où Jean écrit, est célébrée sous une forme différente de celle d’aujourd’hui depuis plus de cinquante ans. C’est le sens qui prend le pas sur les dates et c’est aussi le sens qui est plus important que les mots utilisés.
Pour comprendre, pour entrer dans notre page d’Evangile, dont le réalisme peut nous surprendre et même nous choquer, il nous faut utiliser quelques clefs : manger la chair du Fils de l’Homme et boire son sang : .expression surprenante qu’on retrouve aussi dans des façons de s’exprimer : dévorer un livre, manger ou boire les paroles de quelqu’un qu’on trouve intéressant, aimer quelqu’un au point de lui dire : ‘’ je pourrais te manger’’
Jésus ne fait qu’un avec sa Parole, il est la Parole Vivante, il ne fait qu’un avec ce qu’il dit et fait, sa chair c’est sa Vie, c’est ce qui le constitue Homme, – boire son sang, ce sang là n’a rien à voir avec les globules rouges et les globules blancs ; on dit bien ‘’ qu’il a versé son sang ‘’ de quelqu’un qui a donné sa vie pour une cause.
Pour St Jean, le sang de Jésus, c’est le signe que ce dernier a donné sa vie pour réaliser sa mission, qu’il est vraiment mort à cause de cela.
Quand nous célébrons l’Eucharistie – tous les membres de l’assemblée sont des célébrants, le prêtre préside au nom de Jésus-Christ, et il emploie le ” nous ” ( Dieu notre Père, nous te prions d’envoyer l’Esprit-Saint ) – c’est ”en mémoire de Jésus-Christ, faire ” mémoire ” c’est faire ce qu’il a demandé pour dire qu’il est vivant.
Communier, c’est l’accueillir sous le signe du pain et du vin après avoir communié à la Parole ( 1ère lecture, psaume, 2ème lecture et Evangile ) pour en imprégner toute notre vie
Au début de la prière eucharistique, au nom de l’assemblée, le prêtre qui préside demande à Dieu d’envoyer l’Esprit-Saint pour que le pain et le vin devienne, par son action, le Christ qui ne cesse de se donner en nourriture et c’est ce même Esprit qui nous donne de comprendre l’Evangile et de lui donner sens pour aujourd’hui. Bien sûr
Toute célébration nous donne d’entrer plus avant dans le désir du Christ de se faire proche de nous, d’entrer plus avant dans l’expérience qu’on faite les croyants qui nous ont précédé : rencontrer le Christ.
Là nous pouvons aussi faire une constatation plutôt pratique : aucune célébration eucharistique ne nous marque de la même façon, et ce pour des raisons différentes : nous avons nos préoccupations en tête, nous sommes plus ou moins attentifs et donc plus ou moins participants, notre façon de faire assemblée ( se rassembler vraiment ou se disperser dans l’église ) influe sur ”l’ambiance” de recueillement, le prêtre qui préside n’a pas toujours la même présence ….etc.. c’est humain, car personne de nous n’est une machine bien huilée qui fonctionne toujours de la même façon.
Ce qui est constant, c’est que, pour tenir bon en tant que croyant, il est indispensable de communier au Christ, d’accueillir son dynamisme de vie et tout particulièrement en participant à l’Eucharistie : ” Source et Sommet de la vie chrétienne”, tout en ayant conscience qu’il y a encore bien d’autres ”chemins” par lesquels le Christ se donne et se rend proche.
Ce qui est ”moteur” pour vivre, c’est avoir faim et soif ; c’est le même ”moteur” pour vivre en croyant : avoir faim et soif de fraternité, avoir faim et soif d’entrer dans la compréhension de la Parole et avoir faim et soif d’accueillir la Présence du Christ dans notre existence.
Un complément à la réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 18 juin 2017, Jean 6, 51-58 – Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Quelle est la nature et le sens de la communion eucharistique ?
Lors de la présentation des dons ( offertoire ) le prêtre qui préside dit, en versant un peu d’eau dans la coupe : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».
Il y a là l’expression du souhait, du désir même d’une union qu’on peut qualifier de symbolique.
En partant de là, qu’en est-il de la communion au Corps et au Sang du Christ ?
Il s’agit d’un sacrement et selon le Dictionnaire de Théologie Chrétienne : « Les sacrements sont toujours conférés par un homme. Celui-ci, toutefois, n’agit pas en son propre nom, mais au nom du Christ. Les sacrements relient à la personne du Christ, et cela suivant la triple dimension des rites d’Alliance dans la Bible : ils ont à la fois commémoration, actualisation et anticipation »
En ce qui concerne l’eucharistie et la communion : commémoration : « Vous ferez cela en mémoire de moi », actualisation : « s’unir au Christ, se relier à Lui » avec la reconnaissance : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir... » », anticipation : « l’annonce de l’union totale et du lien plein et définitif »
La communion au cours d’une célébration eucharistique, on peut ainsi la qualifier de symbolique : un terme souvent très mal compris, d’autant plus que dans le dictionnaire on peut lire : « Symbolique : ce qui n’a pas de valeur en soi, mais qui est significatif d’une intention », ce qui équivaut à dire : « Lorsque je communie, je pose, publiquement, un acte symbolique qui exprime mon intention d’accueillir le Christ dans mon existence, de vivre, de parler, d’agir imprégné de sa Présence et de sa Parole »
En tant que laïc, religieux, religieuse, diacre ou prêtre, communier est une démarche, un acte public, et de ce fait une sœur ou un frère dans la foi peut légitimement m’interpeller s’il estime que mon comportement n’est pas en phase avec « mon intention d’accueillir le Christ dans mon existence, de vivre, de parler, d’agir imprégné de sa Présence et de sa Parole »
Mais comme on est dans le domaine de la foi en Jésus-Christ, une intention peut aussi avoir un effet imprévu ; à ce propos j’ai lu un jour ( dans Le Pèlerin ) le témoignage d’une religieuse qui disait qu’à l époque où elle avait rejeté tout ce que ses parents lui avait inculqué, elle est allée dans une église pendant une messe et pour se prouver que ”prendre l’hostie” ne voulait rien dire, elle s’est avancée pour simuler la communion – qui, d’après elle ne signifiait rien – et c’est là qu’elle a été comme ”saisie” par le Christ et qu’au bout d’un cheminement de quelques années elle a prononcé ses vœux.
Ce complément de réflexion n’est pas ” Parole d’Evangile ”, c’est, à ce jour, ma compréhension de la communion eucharistique : un acte qui impacte mon humanité, la questionne et l’oriente ( paroles, désirs, comportements, actes ) pour que je progresse, le plus authentiquement possible, sur le chemin de l’union au Christ ; cf les paroles de l’offertoire.