Pour l’année B, du 1er dimanche de l’Avent jusqu’à la Fête du Christ-Roi, l’’Evangile de Jésus-Christ selon St Marc sera notre ‘’compagnon de route’’ – A cerrtaines occasions il y aura des passages de l’Evangile selon St Jean, entre autre durant le Temps Pascal
Introduction : Nous le savons, mais il faut se le redire, l’Evangile selon St Marc ( comme les 3 autres ) n’est ni un reportage, ni une vie de Jésus.
Avant d’être un livre, c’est une Bonne Nouvelle prêchée et accueillie dans la foi par des chrétiens. D’emblée l’auteur affirme en 1,1: « Commencement de l’Evangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu… » puis il ‘’construit’’ son récit en fonction des questions, des besoins et des attentes des croyants de son temps.
Pour qui l’auteur écrit-il ? : Essentiellement pour les chrétiens de Rome et des environs, la période de sa rédaction se situe après l’année 70. Des communautés étaient déjà fondée depuis un certain temps. L’historien latin Suétone indique qu’en 49 l’empereur Claude chassa de Rome les juifs qui ‘’s’agitaient’’ à l’instigation d’un certain Chrestos ( allusion aux groupes de juifs qui faisaient référence au Christ ) Cet événement est évoqué dans le Livre des Actes des Apôtres ( 18,2 ) Les rescapés de cette mesure ont ensuite connu la persécution par Néron ( 54-68 ) après l’incendie de Rome et tous se souviennent du martyr de Pierre et de Paul. ( en 64 env. )
Dans cette communauté, il y avait des gens venant du paganisme, mais aussi des juifs, originaires de Palestine, qui étaient très sensibles aux nouvelles de leur pays, surtout durant les 4 années de la révolte juive qui se termina par la destruction, accidentelle, du Temple de Jérusalem et le suicide des défenseurs de la forteresse de Massada.
La structure de l’ensemble : le plus simple c’est d’y voir 2 parties – mais la question : « Qui est donc Jésus » ‘’court’’ à travers tout l’Evangile – La première partie de la réponse est donnée par Pierre : « Tu es le Messie… », ( ou ” Tu es le Christ ” ) mais Jésus commande le silence car il ne veut pas être celui qui ‘’cristallise’’ en sa personne tous les espoirs de libération du peuple.
La deuxième partie de la réponse est mise dans la bouche du centurion romain après la mort de Jésus : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu… » ( 15,39 ) Cela ne pouvait être dit publiquement que quand Jésus était allé au bout de son action et de sa fidélité au Père, il est bien le Messie de Dieu, mais pas comme le peuple juif ( et même ses disciples ) l’attendait.
On a 2 grandes parties :
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Jésus réalise, par ses actes, la venue du Règne de Dieu ( 1,1 à 8,26 ) Il agit avec ses disciples comme Christ ( Messie ) Il est la réponse à l’attente des hommes.
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De 8,27 à 16,8, c’est scandé par 3 annonces de la Passion, Jésus continue sa mission et il se heurte de plus en plus à l’institution religieuse juive. Mais il va jusqu’au bout de sa fidélité au Père car il veut que tous ne découvrent le vrai ‘’visage’’. Jésus répond bien à l’attente des hommes, mais d’une façon déroutante.
Aux croyants de Rome, il est ainsi rappelé que Jésus, Christ et Fils de Dieu, c’est le crucifié ; il n’y en a pas un autre et qu’il ne peuvent que passer par là où il est lui-même passé – allusion à partir de 8,33 aux persécutions qui se succèdent.
Un autre plan possible : 1 prologue, 6 étapes, 1 épilogue.
Prologue : de 1,1 à 1,13, présentation de la personne de Jésus
1ère étape : 1,14 à 3,12, de l’appel des premiers disciples à l’institution des douze
2ème étape : 3,13 à 6,6, de l’institution des douze à leur envoi en mission
3ème étape : 6,7 à 8,26, de la mission des douze à la profession de foi de Pierre
4ème étape : 8,27 à 10,52, de la mission des douze aux annonces et à l’approche de la Passion
5ème étape : 11,1 à 13,37, à Jérusalem, affrontement de Jésus avec les autorités religieuses
6ème étape : 14,1 à 16,8, passion, mort et résurrection
Epilogue : 16, 9 à 20, résumé du message du ressuscité
L’ensemble est rédigé avec une progression, c’est comme une catéchèse.
Les 4 premières étapes commencent par une scène où Jésus appelle des hommes à le suivre pour partager sa vie et participer à sa mission.
Qui est l’auteur ? : Au fond, c’est secondaire de le connaître ou non ; que l’auteur du livre soit Marc ou un autre, ou même un groupe de disciples, ça ne change pas grand chose, l’important c’est d’accueillir l’Evangile et d’en ‘’imprégner’’ sa vie. Nous avons quelques indications venant de la Tradition : les premières sont de Papias, évêque d’Hiéropolis ( 140 ) il parle d’un certain Marc interprète de Pierre. Plus tard, Irénée, évêque de Lyon affirme que l’Evangile selon St Marc a été écrit d’après le témoignage de Pierre, mais après la mort de celui-ci. Pour Irénée, Marc c’est le Jean-Marc dont parlent le Livre des Actes des Apôtres, sa mère abritait, à Jérusalem, la communauté au moment de la libération de Pierre ( Actes 12, 12 )
On retrouve ce Marc à Babylone ( un pseudonyme pour désigner Rome ) et dans la lettre de Pierre ( 1P, 5,13 ) Le Livre des Actes relate qu’il fait partie de l’équipe missionnaire avec Paul et Barnabé ( Actes 13,5 et 15, 36 à 40 )
C’est une ‘’Parole’’ pour nous aujourd’hui : Après 20 siècles d’histoire humaine, notre situation est bien différente de celles des premières communauté car notre société, ses fondements, et ses bases économiques, ne ressemblent en rien à celles de Palestine. Même Marc ne vivait pas dans le même ‘’monde’’ que Jésus. L’auteur de l’Evangile ne se contente donc pas de rappeler le ‘’souvenir de Jésus’’, mais il s’efforce de ‘’rejoindre’’ Jésus le Ressuscité. C’est ce que, en notre temps, nous essayons de faire.
Comment ? : On ne peut imaginer un texte de la Bible, ici l’Evangile selon St Marc, qui comporterait tout en lui-même et qu’il suffirait de lire pour en prendre connaissance. Par les quatre Evangile, nous avons 4 interprétations – 4 relectures – des paroles, des actes et du message de Jésus, avec leurs convergences de fond et des différences dans les récits. Les Evangile ont été ‘’produit’’ dans un contexte précis, au milieu de croyants organisés en communautés.
Quand on dit que les écrits sont « Parole de Dieu » on dit qu’on reconnaît la disponibilité exceptionnelle à l’Esprit de Dieu et la qualité de foi et d’exigence spirituelle dont ont bénéficié ces textes, et donc leurs auteurs. L’Eglise croit que c’est le même Esprit qui a, avant Jésus, inspiré des hommes et des femmes, qui a appelé des hommes et des femmes, d’une façon particulière, à s’investir dans la mission et qui a inspiré les auteurs comme les destinataires des Ecrits du Nouveau Testament. On ne peut isoler ces 3 aspects les uns des autres.
Pour que l’Evangile soit une ‘’Parole Vivante’’, il s’agit de lui donner sens en ‘’s’inscrivant’’ dans les interprétations existantes. Pour que la nôtre soit pertinente et prenne le(s) texte(s) au sérieux notre démarche doit prendre en compte le contexte dans lequel il est ‘’né’’ : la communauté de Marc, sa vie et sa situation, ses questions, son acte de foi, ses attentes ses doutes etc… il y a à chercher cela dans les livres et revues qui sont à notre portée ( voir Bibliographie ) le lire en l’actualisant, si possible à plusieurs, avec des questions du genre « … et pour moi, qu’est ce qu’il me dit ?… à quoi, je me sens appelé ? A travers tout cela, que me demande Jésus-Christ ? …..C’est donc un ‘’chemin’’ où sans l’Esprit qui nous est donné, sans une vie en Eglise, nous n’irions pas ‘’loin’’.
Un exemple d’interprétation située : la parabole du semeur, 4, 1-20, nous pouvons lire la parabole, puis le pourquoi du parler en parabole, et pour finir l’interprétation qui porte la ‘’trace’’ de ce vivait les croyants à l’époque de Marc : les soucis de la vie, les persécutions, les préoccupations mondaines… tout ce qui faisait que des hommes et des femmes ‘’s’éloignaient’’ du Christ alors qu’ils avait entendu l’Evangile.
L’usage du mot « Parole » au sens précis d’Evangile en sont des indices : « entendre », c’est la « recevoir », en « imprégner » sa vie pour qu’elle soit, évangéliquement parlant, « fructueuse ».
Notre interprétation de cette parabole peut donc être différente de celle de la communauté de Marc, à condition que nous en respections l’esprit.
Bibliographie pour continuer cette réflexion: « Cahiers Evangile » de J.Delorme, lecture de l’Evangile selon St Marc, E. du Cerf. – Livre : « l’Evangile de Marc. Commentaires de Jacques Hervieux » . Centurion 1991- Nouveau Testament T.O.B. page 125 à 129, la présentation de l’Evangile selon St Marc – Livre : « Avec Marc, pour accompagner une lecture de l’Evangile de Marc » Editions de l’Atelier.