TOUS LES SAINTS

TOUS LES SAINTS – Ancienne homélie retouchée –
Chacun d’entre nous aspire à être le plus heureux possible ? mais pas forcément selon les paroles entendues dans cet Evangile….et puis, exprimer notre désir d’être heureux n’est-ce pas indécent dans le contexte et le climat d’inquiétude actuel ?
Le terme ‘’ heureux’’ dans l’Evangile ne signifie pas ‘’tranquille’’ mais ‘’en marche’’ ? ‘’ en mouvement, en action ‘’
Il faudrait ajouter une 9ème parole à cet Evangile’’‘’ Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière’’ …ce que je traduis ainsi : « Heureux ceux qui sont assez fous, assez passionnés, pour croire qu’agir, et s’impliquer, même petitement, contribue à changer un peu la vie » ;.en contre-point, si, à force de raisonnements plus ou moins sensés, d’hésitations, de fatalisme….nous ne lèverions plus le nez au-dessus de notre propre vie, ce ne serait pas de la lumière que nous laisserions passer, mais de la grisaille, et beaucoup de nuit ….
Faisons retour à l’Evangile : les 8 paroles entendues nous disent le chemin d’amour que le Christ a vécu : l’humilité, en sachant et voulant tout recevoir de Dieu son Père – la douceur, en respectant tout être humain, spécialement les plus faibles – l’action pour la paix, en donnant de lui-même, au risque de sa propre vie – aider les hommes à vivre ensemble en étant des ‘’ justes’’ avec le souci du bien commun – la miséricorde, en allant jusqu’à pardonner et se réconcilier – la droiture du cœur et de l’esprit, en refusant se servir des autres – la compassion pour ceux que la vie a abîmés, sans les juger – l’espérance dans l’épreuve, sûr d’être aimé de Dieu –
Le Christ l’a vécu – les auteurs des quatre évangile en témoignent – c’est cette qualité d’amour vécu qui a lui donné une joie profonde.
On peut rêver que si nous pouvions vivre tout cela comme lui, notre existence en serait bien différente, que si tous les chrétiens pourraient le vivre, la société en serait profondément transformée, la réalité est que l’être humain sera toujours habité par toutes sortes de pulsions, et qui se démultiplient lorsqu’elles prennent une dimension collective.
Les êtres humains qui peuplent la terre, ne sont ni entièrement bons, ni totalement mauvais, rien n’est ‘’fini’’ au sens d’être arrivé au terme de la progression, et nous sommes, tout comme l’humanité toute entière, en ‘’devenir’’ – tout comme nous l’humanité est en ‘’chemin’’.
Sans verser dans un espèce d’optimisme faussement spirituel ni tomber dans un noir pessimisme fataliste, nous pouvons discerner, éclairé par l’Esprit-Saint et par notre bon sens humain, tout ce qui, malgré toutes les forces contraires, va dans le sens de l’esprit des béatitudes : quelques exemples : le dévouement de toutes les personnes qui bénévolement ou professionnellement accompagnent des personnes en fin de vie, l’engagement, à travers le monde, de nombreuses personnes pour venir en aide aux populations déplacées par suite de combats, l’engagement de beaucoup d’hommes et femmes en faveur de la réconciliation entre les peuples et pour la paix – et il y a aussi tous les petits faits, toutes les actions discrètes et modestes que nous vivons au quotidien et contribuent au mieux vivre ensemble….
Relever tout cela, ce n’est pas pour se consoler à bon compte de la dureté de la vie, c’est reconnaître des signes de Dieu, des signes de sa présence et de son action, c’est reconnaître qu’on peut agir, aimer, même si c’est imparfaitement, à la manière du Christ.
Progresser en sainteté, c’est notre vocation : nous la vivons en imprégnant d’amour notre existence et en étant reflet de l’amour du Christ pour tous les hommes.
Le sens de notre vie sur terre c’est de nous mettre à sa suite et avec lui pour humaniser le monde, c’est de nous laisser envahir par l’amour qui anime le cœur de Dieu, d’en imprégner nos parles et nos comportements, en attendant d’en être comblés pour toujours.