Une réflexion pour dimanche 22 décembre 2024

Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 22 décembre 2024 : Luc, 1, 39-45
Luc, qui a écrit ce récit qu’on appelle ”La visitation”, n’a pas été témoin de la scène. On lui avait raconté la visite de Marie à Elisabeth, une visite à laquelle il a donné un sens qu’au moment des faits elle n’avait pas.
L’évangéliste, dans les premières pages de son Evangile, présente cette visite comme une rencontre entre deux femmes, deux croyantes, qui annonce déjà la dernière page : la rencontre des deux compagnons avec Jésus sur la route d’Emmaüs, leur partage fraternel et la découverte qu’ils font : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Ecritures ? »
La route, se mettre en route, pour Luc cela a une grande importance – pour lui le sens du déplacement de Marie n’est pas d’ordre géographique, mais plutôt de l’ordre du signe, par ce voyage s’inaugure la longue série des voyages qui jalonnent l’Evangile selon saint Luc.
La route est l’un des lieux de la révélation et de la mission, notre route de l’Avent va se terminer: regardons Marie et Elisabeth ; leur route se croise, elles sont proches et différentes, familialement elles sont parentes, mais leur parenté profonde c’est la même attente de la réalisation de la promesse de Dieu annoncée par le prophète Michée, cf Livre de Michée 5, 1-4a.
Ce n’est pas notre façon habituelle de voir la venue de Jésus, ainsi dans Le Symbole de Nicée-Constantinople, il est dit : « descendu du ciel », alors que Luc, tout comme Matthieu, l’inscrit dans la lignée du prophète Michée et rédige une généalogie qui fonde sa venue comme un surgissement dans l’humanité à laquelle l’Esprit de Dieu est intérieur depuis les origines : c’est depuis l’aube de son existence qu’il l’habite, la travaille, pour la faire progresser et la conduire vers son achèvement, et dans ce sens Jésus est l’émergence visible de cette action que saint Jean désigne par le terme de ‘’Verbe de Dieu‘’ qu’on peut traduire par ‘’Parole agissante de Dieu ’’ ( Jean 1, 1-18, Evangile du jour de Noël )
Ainsi, ce dont nous ferons mémoire à Noël, ‘’ l’incarnation ‘’ ; ‘’Dieu qui se fait homme‘’ ne peut pas être vu comme ‘’tombant du ciel’’, mais comme la révélation d’une réalité qui habite l’humanité depuis toujours, depuis que Dieu ‘’fait’’ l’homme à son image et à sa ressemblance. Sur la route de l’humanité en devenir, la naissance de Jésus est donc l’étape décisive : il devient et il est désormais l’image – l’icône – du Dieu invisible.
C’est là l’originalité de la foi chrétienne : la parole de Dieu, la volonté de Dieu ne tombe pas d’en haut sur nous, comme dictée par lui de façon autoritaire: déjà dans l’Ancien Testament, elle est proposée, rappelée par les prophètes, des hommes inspirés par l’Esprit ; puis par Jésus elle est dite en paroles, en comportements et en actes s’enracinant dans la condition humaine, s’appuyant sur les bonnes aspirations et sur les bons désirs humains.
Ce regard de foi n’est pas accessoire, mais bien fondamental, il permet de comprendre que ce à quoi Dieu nous appelle: ‘’faire sa volonté’’ est toujours une bonne nouvelle, car c’est pour notre bien et pour le bien de l’humanité.
Nous pouvons faire nôtre l’expression qui est dans la deuxième lecture ( Lettre aux Hébreux 10, 5-10 ) et la transformer en disant : « Me voici, Père, je suis disponible pour faire ta volonté » et faire de même pour la parole de la fin de la page d’Evangile en affirmant : « Heureux ceux qui discernent la volonté de Dieu et la mette en pratique »
Regardons Marie comme celle qui a cru que le salut des hommes passera aussi par elle, comme celle qui est l’image de l’humanité accueillant Dieu. Nous pouvons affirmer que le salut : ‘’Dieu qui libère et sauve’’, est comme un chemin au long duquel il nous accompagne et nous appelle à y discerner, à y accueillir sa volonté et, bien sûr, à la mettre en œuvre.