Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 26 mai 2024, Fête de la Sainte Trinité – Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 28, 16-20
En entrant dans une église ou au début d’une célébration nous faisons le signe qui a été tracé sur chacun d’entre nous au moment de son baptême, c’est un signe tellement fort de sens que nous devrions bien faire attention à son utilisation. On sait que l’inflation fait toujours baisser la valeur des richesses, ainsi en peut-il être du signe de croix, à le faire à tout bout de champ et surtout trop machinalement, on risque d’en atténuer le sens et d’oublier ce à quoi cela nous engage.
Lors de notre baptême, le signe de croix qui a été tracé sur nous a signifié que nous entrons dans une communion d’amour : celle que forment et vivent Dieu le Père, Jésus-Christ, le Fils et l’Esprit-Saint, ainsi, chaque fois que nous traçons ce signe sur nous, nous disons croire en ce mystère d’amour et nous disons notre désir d’en vivre et d’agir en fidélité avec lui : tracer sur soi le signe de croix, c’est implicitement exprimer un désir et un engagement ; le fait même de le faire devrait, de temps en temps, nous faire réfléchir : est-ce que j’y crois à cette communion d’amour ? est-ce que j’ai conscience d’y être incorporé ? est-ce que mon existence en est imprégnée ?
En cette fête de la Sainte Trinité les 5 derniers versets de l’Évangile évoquent un commencement : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples » et comme une promesse de la part du Christ, une réalité permanente : « et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». C’est en Galilée, le carrefour des nations, que Jésus avait donné rendez-vous aux onze disciples et non à Jérusalem le centre religieux des juifs : cela ressemble à ce que Matthieu a relaté lors de la résurrection de Jésus : le messager dit aux femmes : « Allez dire aux disciples, il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez »- C’est présenté tout au début de son Évangile par le récit symbolique des mages venus d’Orient qui se sont déplacés pour aller vers Jésus et non les juifs de Jérusalem.
Alors, si on veut parler de la naissance de l’Église, elle a eu lieu là où on ne s’y attendait pas, en ‘’plein vent’’, il suffit de parcourir le Livre des actes des Apôtres pour le constater. Nous qui nous reconnaissons membres de l’Eglise, quelle représentation nous en faisons-nous ? Que pensons quant à son rôle, sa place, sa mission en notre temps ? Quelle image quant à son organisation ? : une ”pyramide” dont les laics seraient la base et considérés comme de simples aides du clergé ou un réseaux : celui du peuple des baptisés où tous ont même dignité conformément à la parole qui accompagne l’onction lors du baptême : « Tu es prêtre, prophète et roi ». Même dignité et même mission confiée à tous les baptisés avec des responsabilités différenciées.
En grec , le mot ‘’Eglise’’ signifie ‘’Assemblée des convoqués’’ Jésus avait convoqué ses disciples sur la montagne ; dans l’Evangile selon St Matthieu les choses importantes se passent sur la montagne, lieu symbolique de la révélation, de la présence de Dieu ; dans l’Évangile de Matthieu il y a le sermon sur la montagne, Jésus qui prie sur la montagne, qui est transfiguré sur la montagne.
Laissons-nous guider par l’image de la montagne : nous sommes régulièrement convoqués par Jésus-Christ : et la ”montagne” où il nous appelle à nous rendre c’est l’Eucharistie : le lieu privilégié où il élargit notre horizon, nous fait voir plus loin que notre vie, que nos préoccupations habituelles et immédiates, l’Eucharistie comme le moment où nous nous laissons particulièrement replonger et revitaliser dans la communion d’amour de la Trinité, comme lors de toute célébration de la Parole, prière communautaire ou individuelle
De ‘’la montagne’’ qu’est l’Eucharistie, Jésus nous renvoie à chaque fois dans ‘’la plaine’’ du quotidien rejoindre nos semblables pour y assumer notre mission de baptisés, pour être signes d’Eglise dans les réalités humaines.
Pensons aux réalités humaines où nous vivons, travaillons, agissons, rencontrons d’autres, c’est là où le Christ nous envoie pour être de vivants relais de la communion d’amour de la Trinité.
Dans ce sens l’envoi « Allez dans la paix du Christ » à la fin de chaque célébration résonne comme un appel : « Allez rejoindre vos frères et soeurs en humanité, allez les rejoindre dans ce qu’ils vivent, croient et espèrent »
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