Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 27 août 2023; Matthieu 16, 13-20
Quand Matthieu met la dernière main à ses écrits, l’apôtre Pierre est mort depuis 20 ans environs, à ce moment il n’existe pas de direction centrale dans l’Eglise, mais parmi les différents courants de ce temps, il y a une référence certaine à ce qu’à dit et décidé l’apôtre Pierre en lien avec les paroles même de Jésus. C’est dans cette page d’Evangile que l’Eglise catholique puisera la notion de ministère de communion assuré par le pape.
Matthieu est le seul parmi les évangélistes à faire suivre la confession de foi de Pierre par la déclaration de Jésus qui confie à ce dernier une responsabilité de premier plan. Dans ce passage il y a des mots, des images, chargés de sens. : pierre : c’est la traduction du mot araméen ‘’ képha ‘’, pierre, roc, rocher… autant de termes pour désigner Dieu sur qui on peut s’appuyer – Eglise : c’est la traduction d’un terme profane grec ‘’ éklésia ‘’ qui signifie assemblée, ce qui a donné Eglise, avec un grand E, assemblée des croyants en Jésus-Christ.
Les clefs : symbole du pouvoir : donner les clefs d’une ville à quelqu’un, c’était reconnaître son pouvoir – Lier et délier : symbole de la totalité qui unit les contraires…
Jésus confie les clefs du Royaume des Cieux à Pierre, un homme. avec ses convictions et ses faiblesses, ses élans et ses hésitations : Jésus confie les clefs à un homme avec tous ses possibles ; l’Eglise, assemblée des baptisés est remise entre des mains humaines.
Cela a donné toute une histoire avec le meilleur et le pire ; que l’Eglise existe toujours, on peut dire, avec un brin d’humour, c’est bien là le signe de l’existence et de l’action de l’Esprit-Saint.
Les clefs sont devenus le signe des papes ; ils ont donc la grande responsabilité d’ouvrir à tous les humains la porte qui donne accès à l’Evangile ; celui qu’on appelle le successeur de Pierre a un rôle de premier plan : signifier la communion, l’unité dans la foi en Jésus-Christ, on ne peut être Eglise, « assemblée des croyants », sans lien, sans communion, des communautés chrétiennes entre elles, et entre elles et l’Eglise de Rome, signe de la communion de l’Eglise Universelle.
Le pape n’est pas l’Eglise à lui tout seul, si la tradition lui reconnaît la responsabilité des clefs, chaque baptisé dispose aussi d’une petite clef, chacun est comme un concierge, un intendant, un gérant de la Parole du Christ, et non le propriétaire d’une combinaison secrète d’un coffre-fort ou un juge pointilleux et intransigeant ; c’est particulièrement un point d’attention pour ceux et celles qui ont une responsabilité pastorale.
De par notre baptême, nous avons tous une petite clef à notre disposition, pour ouvrir à d’autres la porte de l’Evangile, pour ne pas en faire un mauvais usage, ou un usage trop restrictif, laissons-nous toujours interpeller par la question que posa jadis Jésus à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Essayons de donner une tournure personnelle à notre réponse en nous demandant : « tout au long de mon histoire, au jour le jour, dans le quotidien, au coeur de ce qui fais ma vie, pour moi, qui a été Jésus-Christ ? Qui est-il, pour moi, aujourd’hui ?