Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 29 octobre 2023 – Matthieu, 22, 34-40
Si nous observons ce qui se passe dans le monde et autour de nous, nous voyons qu’il y a plusieurs façons de se comporter : pour faire simple, il y a ceux qui ne se préoccupent que d’eux-mêmes et ceux qui mènent leur vie en étant proches et solidaires des autres. Nous voyons ainsi des hommes et des femmes qui, de diverses façon, en oeuvrant dans des organismes et des associations, se font le prochain des autres, en particulier de ceux qui sont en difficulté ou en détresse morale ou physique. Parmi ceux qui se font ainsi proche de leurs semblables, certains le font au nom de convictions humaines qui favorisent le vivre ensemble, d’autres font aussi intervenir leur foi en Dieu, en Yahwé ou en Allah ; quelque soit les motivations pour agir des uns et des autres, sachons le reconnaître et l’apprécier à leur juste valeur.
Le contexte dans laquelle nous sommes est donc très différent de celui dans lequel le docteur de la Loi a posé sa question à Jésus : en effet, aux Dix Commandements ( le Décalogue : Livre de l’Exode, 20, 1 à 17 ) le Judaïsme, au fil du temps, avait ajouté 613 préceptes dont 365 étaient des interdictions : « tu ne feras pas » et 248 des commandements : « tu feras » et même si la question du docteur de la Loi était pour mettre Jésus à l’épreuve, il y avait un réel besoin de classer les choses par ordre d’importance, d’où la question : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? ».Jésus, en réponse, n’a rien dit de nouveau, il a cité le début de la prière que tout fidèle juif récite matin et soir, inspiré d’un verset d’un livre de la Bible : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… « ( cf Deutéronome 6, 5 ) et il précise que c’est le grand, le premier commandement qui engage tout l’être d’où la mention de ‘’cœur, âme et esprit’’’ – et il y a ajouté un second qui est dans un autre livre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ( cf Lévitique 19,18 ) en disant qu’il est semblable au premier commandement – Semblable : de même nature, de même qualité. Similaire.
A travers cet Evangile et dans notre situation, Jésus, en quelque sorte, nous rappelle le lien indissociable qui unit ces deux commandements : il s’agit d’aimer Dieu et d’aimer son prochain comme soi-même – dans la Bible, « vivre l’amour, aimer » désigne la décision de s’attacher à quelqu’un à qui l’on donne des droits sur soi et des actes concrets qui nourrissent cette décision – c’est-à-dire : qui lui donne réalité, qui la rende visible, concrète – en guise de conclusion, Jésus a dit que de ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes.
A partir de là on peut affirmer que de la mise en œuvre de ces deux commandements dépend toute la vie d’Eglise, la mission qui est la sienne, donc aussi la nôtre ; qu’ils sont la source de notre pratique personnelle, de la pratique de l’Eglise en général et de la pratique de chaque groupe de chrétiens en particulier.
En permanence, nous sommes appelé à vérifier notre pratique quotidienne à la lumière de ces deux commandements : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
De là, une question très simple : ceux et celles qui s’adressent à nous, pour diverses raisons, à titre personnel, ou parce que nous avons une responsabilité pastorale, peuvent-ils à travers l’accueil que nous leur réservons, le dialogue que nous instaurons, les propositions que nous leur faisons et surtout le ”ton” que nous employons, saisir, comprendre, ‘’voir’’ un signe, un reflet de ce double amour que nous avons à coeur de pratiquer ?