Une réflexion à partir de l’Evangile du dimanche 3 décembre 2023 – Année B – Marc 13, 33-37
Dans la Bible : le veilleur c’est celui qui permet à une armée de se reposer en toute sécurité ; le veilleur, c’est aussi Dieu qui veille à ce que sa Parole s’accomplisse, c’est encore le prophète qui parle au nom de Dieu et qui veille à ce que le peuple des croyants reste à l’écoute de sa Parole et la mette en pratique.
L’injonction : ‘’ veillez ‘’, à l’origine, s’adressait aux communautés chrétiennes des environs de Rome, dans les années 71/72 et à leurs responsables, car leurs questions, comme celle des apôtres, portait sur le ‘’quand’’ du retour du Christ, retour qu’ils ont cru imminent à un moment donné. Ils vivaient dans une époque troublée, avec des périodes calmes et des plus difficiles, avec joies et épreuves, adhésions et défections, foi et doutes.
Tout cela les marquait et les interrogeait, alors ils ont médité cette parabole où le Christ est présenté comme un homme parti en voyage et qui a donné tout pouvoir à ses serviteurs jusqu’à son retour qui sera imprévisible.
A travers cet Evangile, Jésus parle de lui-même : il a accompli sa mission et il la confie, par délégation, à ses apôtres, puis aux chrétiens génération après génération.
A Pâques, l’événement de sa résurrection a pris les apôtres à l’improviste et après une certain temps il les a quitté ; il est devenu celui qui reviendra un jour en pleine lumière et qui revient déjà, de façon plus discrète, souvent sous des visages surprenants, dans des circonstances imprévues.
Nous sommes dans le temps de son absence visible qui n’est pas un temps vide, mais le temps de sa présence sous différentes modalités, à travers bien des médiations.
Pour les premiers destinataires de cet Evangile ce : « Ce que je vous dis-là, je le dis à tous , Veiller » a du résonner comme un appel à vivre dans l’espérance, malgré ou plutôt avec ce qu’ils vivaient de difficile et, parfois, de dangereux, un appel à être, à rester ou à redevenir : Lumière, Sel, Levain par leur façon d’être et de vivre.
En notre temps, l’Eglise dans son ensemble est encore et toujours appelée à être : Lumière, Sel et Levain, dans le monde, au milieu des hommes. Pour chaque chrétien, ‘’Veiller’’ , attendre d’une façon active, prend des formes diverses et complémentaires : quelques aspects: veiller, c’est ouvrir les yeux, chercher à connaître et à comprendre ce qui se passe d’important dans le monde, dans la société, tout près de nous, là où nous vivons, car la foi chrétienne n’est pas une évasion du réel ou un somnifère, mais un stimulant, un éveillant.
Veiller, attendre activement, c’est encore regarder le monde tel qu’il est, nos frères et sœurs en humanité, tels qu’ils sont, ( et cela vaut pour nous-mêmes ) pour y découvrir, y discerner, y reconnaître la présence du Christ dans toute parole, tout acte, toute initiative qui va dans le sens de la volonté de vie et d’amour de Dieu
Veiller, c‘est relire tout ce qui se fait et se vit pour y discerner l’action de l’Esprit-Saint qui nous précède sur les chemins humains, qui nous devance dans ce que font des femmes et des hommes pour rendre le monde plus fraternel, plus vivable, plus humain ou simplement pour qu’il ne se déshumanise pas
Méfions-nous de ceux qui nous présentent le monde comme mauvais et perdu: Dieu lui-même, par Jésus, a épousé la condition humaine pour la transformer, la faire progresser selon le désir du Père. Méfions-nous aussi des spiritualités désincarnées qui ne parlent que de Dieu et de Jésus-Christ en négligeant l’implication du chrétien dans la réalité humaine ou en la présentant comme facultative, voire inutile.
Nous croyons que le Christ est présent dans toute célébration eucharistique par sa Parole proclamée, par le Pain de vie partagé, par la communion dans l’Esprit-Saint entre les participants. Il est tout aussi présent dans toute célébration de la Parole comme dans toute réflexion à partir de l’Evangile que ce soit individuellement ou en équipe.
Notre croire en Lui serait bancal si nous ne croyons pas qu’il est tout aussi présent, dans les actes de solidarité, de paix, de justice, de pardon, de réconciliation qui se vivent par nous et autour de nous.
Veiller, c’est les voir, les reconnaître comme des passages de Celui qui nous confie sa Parole pour que nous la fassions fructifier en nous et là où la vie nous mène.