Accueil » Quelques homélies de 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 » Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire 2017

Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire 2017

24° DIMANCHE – ANNEE A – 17 septembre 2017 au SCHAUENBERG 

Cette parabole invite à pardonner du fond du coeur – c’est facile à lire, et d’en parler ici – mais dans la réalité ? que peuvent ressentir ceux qui ont été blessé dans un accident causé par un chauffard ou dans un attentat perpétré par des terroristes et ceux qui y ont perdu un être cher ? – 

Partons de ce que nous disons dans le ‘’Notre Père’’ : ‘’ Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ‘’ La version originale dans l’Evangile selon St Matthieu étant : « remets-nous nos dettes comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient » avec le terme ‘’ comme ‘’, ne nous trompons pas : ce n’est pas parce que nous pardonnons à autrui que Dieu, à son tour, nous pardonne….dire à Dieu : « Tu vois, je pardonne à tel ou tel, alors pardonne à moi aussi » serait un marchandage douteux, – 

Ce « comme » a un autre sens : le pardon de Dieu est vraiment reçu, accueillit, par nous, si nous pouvons le donner à quelqu’un qui nous a fait du tort, sinon il n’est que profit personnel et non don reçu… j’ai pensé à une comparaison : le pardon donné par Dieu est comme une source d’eau rafraîchissante là où elle passe…. si on l’empêche de couler et d’aller plus loin, elle devient une mare d’eau stagnante ….

A l’apôtre Pierre, Jésus avait répondu, à propos du nombre de pardons à accorder : « Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois » et pour illustrer sa parole, il a raconté cette parabole qui ne parle pas du nombre de fois qu’il faut pardonner mais de la cohérence entre ce que nous demandons à Dieu et recevons ; ici, le pardon, et ce que d’autres nous demandent et que nous leur donnons ou non – 

Face au roi, ( Dieu ) le serviteur ( l’homme ) a dit : ‘’prends patience envers moi ..’’ et le compagnon du serviteur a eu les mêmes paroles : ‘’prends patience envers moi ..’’. 

Mais à la même demande, la réponse est différente – ce à quoi Jésus appelle ses auditeurs, c’est à avoir envers nos prochains la même attitude que Dieu a envers nous.

Cette parabole peut même avoir un sens beaucoup plus large que la pratique du pardon, elle peut aussi servir à mettre en lumière notre tendance à avoir, parfois, deux sortes d’attitudes : l’une devant et envers Dieu et une autre, différente, devant et envers le prochain – deux façons d’être, selon qu’on se présente devant Dieu ou qu’on a affaire à l’un de nos semblables – 

nous n’avons pas forcément de mauvaise intention, ou l’intention d’être ainsi de façon réfléchie et délibérée – mais il arrive que se ‘’glisse’’ en nous, la plupart du temps à notre insu, comme un comportement à deux faces : le respect envers Dieu et un moindre respect envers nos prochains …. Bien sûr, il n’est pas question de le mettre sur le même plan…… pour l’illustrer, je vous invite de regarder la croix ….. comparons la partie verticale au chemin de Dieu qui se rend proche de nous et nous qui l’accueillons…. mais pour faire une croix, il nous faut ajouter la partie horizontale : c’est notre relation les uns aux autres et à tous les autres ..

J’en reviens à la parabole : si on veut en retenir une conséquence pour notre foi, c’est celle-ci : celui qui a entendu l’Evangile et s’est lié au Christ est comme quelqu’un qui est toujours redevable à Dieu, comme quelqu’un qui bénéficie, sans condition, de son pardon, – mais s’il ne s’efforce pas d’avoir une pratique analogue envers ses semblables…..il se trompe de chemin et de Dieu. 

Alors, pardonner sans calcul, sans condition, à l’image de Dieu : est-ce que, par moment ,ce n’est pas vu comme un signe de faiblesse ? est-ce que ce n’est pas passer pour une ‘’bonne poire’’ ? Au fond, pardonner est-ce efficace ? – : le pardon et la réconciliation, même si c’est un chemin long et difficile, sont indispensables, ils sont un chemin qui permet un avenir meilleur….

Pour le chrétien c’est l’acceptation de la grâce de Dieu, c’est accepter de nous recevoir de lui par son pardon sans limite et les uns des autres par les pardons donnés et accueillis…

Autres articles et écritures