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Résumé de mon histoire

En 1998, lors d’une rencontre  avec des  jeunes confirmés, quelque uns m’ont demandé  : ” Pourquoi êtes-vous devenu  prêtre ?”  Je leur ai répondu : ” c’est une longue histoire …qui n’est pas terminée ! Je pourrais écrire tout un livre à ce sujet…. mais en voilà l’essentiel : les étapes, les événements et les moments importants ”..…c’est après coup que j’ai rédigé ce qui suit :

Cela a commencé après la profession de foi, qu’on appelait alors : Communion Solennelle et Rénovation des Voeux de Baptême, en avril 1956 : fin 1956, au cours d’une matinée de jeunes où un prêtre avait parlé de sa vie et présenté une exposition sur la vie et la mission du prêtre, j’ai pensé: ‘’ce n’est pas pour moi, je dirai que je n’ai pas compris ‘’ – j’étais dans une équipe JOC et apprenti peintre en lettres –

Puis en 1957, un jour, l’aumônier JOC de la paroisse a dit à deux d’entre nous : ‘’vous deux, je vous vois prêtre’’ moi j’ai rigolé en disant : ‘’moi je ne me vois pas ainsi ‘’ – à l’époque le prêtre était en soutane et la messe en latin, et de plus j’étais surtout attiré, secrètement, par Adrienne , une voisine de ma marraine à Colmar- En août 1958, lors d’un camp mission, le Père Monnier, jésuite, a répondu à une question à propos de l’arrêt des prêtres-ouvriers en disant : ‘’ l’avenir, ce n’est pas des prêtres qui deviennent ouvriers, mais des ouvriers qui deviennent prêtres ‘’ du coup, j’ai pensé : ‘’ça, ce serait quelque chose pour moi ‘’ et tout de suite : ‘ah ’non, car je veux me marier avec Adrienne

En 1961, alors que j’avais dit à Adrienne que je l’aimais, la question d’être prêtre m’a subitement ‘’retravaillé’’ très fort, c’était comme si ‘’quelqu’un’’ s’adressait à moi, à ‘’l’intérieur’’ de moi, une ‘’voix’’ me disait : ‘’ Pas comme ça, pas comme ça » J’en ai parlé à un prêtre dont les réponses ont été, pour ainsi dire, ‘’à côté’’ de mes questions et préoccupations – j’en ai parlé en famille, même incompréhension, alors j’ai ‘’remballé’’ le tout en me disant : ‘’ si c’est comme ça, être prêtre, ce n’est pas pour moi ‘’. D’autant plus que ma mère a dit que les moyens financiers de la famille : je suis l’aîné de 4 enfants, mon père était ouvrier galvanisateur et ma mère au foyer, pour y arriver au niveau des finances du mois, elle faisait de la couture pour des gens, mais non-déclarée – ne permettaient pas que je fasse des études en Petit Séminaire puis en Grand Séminaire. Dans le même temps, avec Adrienne ça n’a rien ‘’donné’’, elle a dit qu’elle se sentait trop ”forte” par rapport à moi – elle a 7 mois de plus que moi – puis je suis parti à l’armée en janvier 1962. Elle s’est mariée fin 1963 avec Pierre et a eu une fille, Monique

En rentrant de l’armée en juin 1963, je décidais, de ne plus réfléchir à la question et de ne plus en parler avec quelqu’un. Mais, de temps en temps, quand je voyais un article dans la Vie Catholique à ce sujet, je le lisais avec attention. La perspective de me marier était dans ma tête, encore fallait-il trouver quelqu’un et l’aimer suffisamment pour envisager de fonder une famille avec elle.

En 1964, un soir, j’en ai rediscuté avec l’aumônier JOC de Strasbourg, en résumant ce qui s’est passé avant mon service militaire, et j’ai ajouté, : ‘’prêtre, pourquoi pas ? mais ce qui me pose question c’est d’arrêter le travail, de quitter la quartier etc ….et de rentrer au Grand Séminaire ‘’ – à l’époque, c’était une coupure assez radicale – il m’a répondu : ‘’ ça, il faut t’y résigner ‘’, j’ai écouté et j’ai pensé :’’ s’il faut se résigner…. ce n’est pas pour moi ‘’ et je n’ai plus discuté de cela avec l’aumônier.

Entre temps, la relation amicale qui avait commencé avec Nicole, une fille du quartier, au cours de mon temps de service militaire, en est resté là…elle était bien, mais je n’étais pas vraiment attiré par elle pour envisager de l’épouser, d’ailleurs la question n’a jamais était abordé entre nous – elle s’est mariée et a eu 3 garçons – Une autre fois, toujours en 1964, lors d’une soirée de bilan – avec des gars et filles de la JOC – des soirées du carême des jeunes animé à la cathédrale de Strasbourg par le Père Maillard, quand il a demandé si personne de nous n’avait jamais pensé à être prêtre ou religieuse, quelque gars et filles, dont Nicole, se sont tournés vers moi en disant : ‘’toi, on te verrais bien prêtre ! ‘’ moi : ‘’ ça va pas la tête, vous êtes fous ! ‘’

J’ai voulu changer d’entreprise car là où j’avais fait mon apprentissage, on se servait de moi pour faire pression sur d’autres, – j’ai répondu à une annonce et après entretien j’ai dit oui et j’ai démissionné de là où j’étais…mais Strasbourg n’est pas ‘’grand’’ … le fils du patron a compris où j’allais… et je n’ai pas été embauché… j’ai compris d’où venait ‘’le coup’’ et plutôt que de revenir à l’ancienne boite en reconnaissant ma ‘’défaite’’ – j’ai appris 2 ans plus tard qu’il avait contacté mon futur patron en lui disant que je ne suis pas un bon travailleur – j’ai cherché du travail pendant 2 semaines, j’ai commencé comme manoeuvre chez Joustra ” Les Jouets de Strasbourg” c’était dur et ingrat comme boulot, je me suis dit un soir que j’avais tout raté et que ma vie était foutue – puis au bout de 10 mois, j’ai changé, en répondant à une annonce, et j’ai débuté à la Clicherie Alsacienne comme aide-photograveur typo.

J’étais toujours en JOC, ( les copains m’ont alors bien aidé à tenir le coup pendant le travail chez Joustra ) mais j’évitais de lire tout ce qui avait trait à être prêtre pour ne pas avoir à penser et à rediscuter de ce sujet.

En 1969/1970, j’ai commencé  à me sentir bien avec Denise, de la JOCF, mais j’étais prudent, ne voulant pas essuyer un refus de sa part – quand c’était assez bien engagé, au cours d’une session JOC, j’ai entendu qu’on pouvait se former en vue d’être prêtre sans entrer au Grand Séminaire, là j’ai pensé : ‘’ ah, si j’avais su ça il y a quelques années … mais maintenant ce n’est plus le moment d’y penser, et puis, lâcher quelque chose de sûr – avec Denise – pour quelque chose dont je ne suis même pas sûr que ça aboutirait. ?. ‘’

Mais ça m’a quand même un peu ‘’travaillé’’… puis j’ai réussit à ‘’m’en débarrasser’’ – Un soir, alors que je revenais de Strasbourg avec Denise, on s’est assis sur un banc, près d’une église, pour discuter ; comme on discutait, j’ai vécu une chose imprévue, pendant un certain temps c’était comme si Denise n’était plus à côté de moi, et une ‘’voix intérieure’’ me faisait comprendre que tous les événements que j’avais vécu depuis 1956 avait un lien entre eux et que c’était à être prêtre que j’étais appelé et non à me marier… quand j’ai repris conscience que Denise était à côté de moi, ma première réaction c’était de faire comme si de rien n’était… puis je me suis dit que c’était trop grave d’engager l’avenir sans rien dire…. je lui ai alors tout raconté depuis le début en 1956… ça a été un grand choc pour elle – puis, j’en ai parlé au nouvel aumônier de JOC qui lui est ‘’tombé des nues’’… il ne comprenait plus rien du tout…, pour lui, Denise et moi allions nous marier, c’était clair…elle en avait peut être aussi discuté avec lui . ?..

J’ai finit par m’inscrire à un W-E de réflexion pour y voir plus clair, mais j’ai eu un accident de voiture et un arrêt de travail de 10 mois,… après la reprise du travail, j’ai changé d’entreprise et j’ai commencé à Inducolor ( photogravure off-set couleur ) j’ai raccroché à la réflexion et la formation: ‘’être prêtre aujourd’hui’’ ( 1er cycle, en continuant le travail ) Denise était au courant…. et je lui en parlait régulièrement.. mais j’hésitais encore devant le pas à franchir : arrêter le travail professionnel que j’aimais, avoir moins d’argent à ma disposition, quitter la région, risquer que Dense rencontre quelqu’un et que si – on en sait jamais – j’arrête la formation, apprendre qu’elle était mariée…bref, c’était pas simple, j’avais l’impression de ‘’ risquer toute ma vie ‘’ en prenant une telle décision. Mes hésitations et le fait que j’étais restée en relation avec elle lui ont fait beaucoup de mal car cela avait contribué à entretenir en elle l’espoir que, peut être, j’allais arrêter cette formation.

Puis on s’est un peu perdu de vue pendant 3 ans, et, un soir, par hasard, on s’est rencontré en ville, et , autour d’un verre, on a discuté ensemble,, je croyais qu’elle avait assumé les choses et qu’elle allait se marier avec quelqu’un – de plus, des amis communs m’avaient dit qu’elle sortait et qu’à leur avis elle avait assez de relations pour rencontrer quelqu’un de bien et faire sa vie avec – ça m’a très perturbé de constater que ce n’était pas çà du tout chez elle…je ne savais plus trop où j’en étais… j’ai même pensé pendant quelques jours que je m’étais peut être bien trompé de voie…. j’ai finit par repartir dans le 93 pour continuer la formation.. mais avec le prêtre-référent sur place, j’y ai encore réfléchit pendant quelques mois vu que la question du bien-fondé,ou non, de mon choix continuait de me ”tarauder” …

J’ai été ordonné prêtre samedi 18 novembre 1978 à Sélestat en l’église Notre Dame de la Paix. Et lors de la ‘’première messe’’ dimanche 10 décembre à Schiltigheim, à la fin, lors de l’imposition des mains à tous les présents, quand l’avant dernière de la file, une femme un peu ‘’imposante’’ s’est mise de côté, surprise ! derrière elle il y avait Nicole qui a ‘’planté’’ son regard dans le mien, a incliné la tête pour l’imposition des mains et elle est partie, à la sortie de l’église je ne l’ai plus vu…

Depuis novembre 1978, ça n’a pas été ‘’un long fleuve tranquille’’ ..j’ai eu de mauvaises surprises dans mes relations avec d’autres prêtres : autoritarisme, intolérance d’un curé, etc – et du côté de quelques personnes : manque de sincérité, politesse de simple façade, médisance à mon sujet etc … – mais avec tout ça, je n’ai jamais regretté mon choix, je crois que c’est à ça que je suis appelé par Jésus-Christ – mais ça n’a jamais empêché que, plus ou moins régulièrement, j’ai vécu de vrais débats internes…

Le côté affectif est à assumer, une certaine solitude à vivre, le manque d’enfants, et de petits enfants aussi, mais l’amitié forte reste possible aussi bien masculine que féminine.

Ce que j’ai écrit, c’est comme un iceberg : 10 % émergent, mais 90 % sont sous la surface de l’eau…

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