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Une réflexion pour dimanche 17 mars 2024

Une réflexion pour dimanche 17 mars 2024
Entre la première lecture ( Livre du prophète Jérémie, 31, 30-34 ) et l’Evangile ( Jean 12, 20-33 ) il y a un lien très fort : Jérémie annonce une alliance dont les paroles ne seront plus inscrites sur des tables de pierres comme du temps de Mo‹se, mais dans le coeur de l’Homme, le coeur comme lieu de réflexion, de mûrissement des choix et lieu de décisions et St Jean, dans son Evangile rédigé quelques 60 ans après la résurrection de Jésus, écrit comment se traduit cette alliance qui est devenue définitive en Jésus-Christ.
Le texte de St Jean est comme une catéchèse pour les chrétiens de la fin du 1er siècle ; lorsqu’il écrit il voit les fruits qu’ont donné la mort de Jésus, il voit ce qu’a produit l’annonce de sa résurrection : des juifs et des grecs partagent la même foi la même espérance, des ‘’murs’’ de préjugés sont tombés entre des membres de peuples différents, ils sont réunis dans la même Eglise, communauté de croyants ..
Considérons quelques paroles fortes de ces 2 textes : «  je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai dans leur coeur, je serai leur Dieu et il seront mon peuple » c’est très beau, mais la réalité en cette époque, depuis ce temps et aujourd’hui ne correspond pas tout à fait à l’intention de Dieu, mais toute l’histoire montre aussi que Dieu n’a pas renoncé à son intention, il en est de même pour le Christ «  quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » on peut être tenté de dire : « Seigneur, tu as du te tromper quelque part, regarde le résultat, çà n’a pas l’air de se passer selon ta parole »
Pourtant le Christ lui non plus n’a pas renoncé à son intention : nous constatons qu’il y a des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants qui se laisse attirer par lui, et d’autres non, il y en a qui ont commencé à le faire et puis qui ont arrêté de se laisser attirer, il y en a qui, comme ces grecs dont parle St Jean, veulent voir Jésus, c’est-à-dire le connaître, savoir qui il est, comprendre comment il est vivant et présent dans leur vie, il y en a aussi pour qui Jésus n’est plus une question, pour d’autres ce n’est pas encore une question.
Sur ce terrain, nous avons une responsabilité, celle d’ouvrir nos yeux et surtout nos oreilles : savons-nous voir les petits pas que font des enfants des jeunes, des adultes vers Jésus : ces petits pas peuvent être une participation occasionnelle à tel ou tel événement en mouvement ou en paroisse, à telle ou telle célébration, savons-nous entendre leurs questions et y détecter leur désir de voir Jésus, de le connaître : et surtout, n’oublions pas notre histoire personnelle : nous avons été, chacun, d’une façon particulière, attiré par Jésus, pensons aux étapes, à nos résistances, à nos fuites aussi, nous ne sommes pas, pas plus que les autres, comme des clous attirés par un aimant que serait le Christ, nous ne sommes pas collés tout contre lui ; entre lui et nous , entre lui et ceux qu’il attire, il y a toujours une distance, un espace, celui de notre liberté, une liberté qui permet un choix réel « celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle » là aussi on peut être tenté de dire à Jésus : «  Seigneur, tu n’aurais pas pu trouver autre chose pour attirer les hommes, par exemple, leur promettre une vie sans problèmes s’ils croient en toi, s’ils te prient, s’ils mettent en pratique tes paroles ; nous aimons tous vivre, nous aimons notre vie »
‘’Derrière’’ la parole abrupte de Jésus, nous avons, peut être, découvert que la mort la plus mortelle, c’est le refus de l’autre, la fermeture sur soi-même et que, pour entrer dans la vie éternelle, qui est déjà commencée dans la vie de tous les jours, il nous faut en quelque sorte ” mourir ” à nous mêmes, à notre désir de faire tout tourner autour de nous, d’accaparer notre semblable, de vouloir le modeler selon notre désir et nos projets ; le cléricalisme ne ‘’guette’’ pas que les seuls prêtres, mais bien chaque baptisé.
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » notre réaction peut être celle-là : «  mais oui Seigneur, nous voulons te servir, nous voulons te suivre, nous voulons être là où tu es, ne vois-tu pas notre désir de faire tout cela ? mais faut-il que ce chemin passe invariablement par les autres ? que ce chemin passe par la vie, avec ses côtés réjouissant et par ceux qui le sont moins ? et par l’actualité, par les événements, Seigneur, mes prières et les messes, ne pourrait-ce pas suffire pour te servir et te suivre ? »
Nous avons déjà pu avoir ce genre de réactions.. imaginons la réponse de Jésus : «  Regarde-moi, regarde-moi tel que me présentent Marc, Matthieu, Luc, Jean dans leur Evangile , Paul , Pierre, Jacques, Jean dans leurs lettres.et tu vois sur quel chemin je te propose de marcher à tes côtés, mais surtout n’essaye pas de m’imiter, tu n’es pas moi, et je ne suis pas toi, mais cherche, imagine, décide, invente comment tu peux te rendre proche de tes frères et sœurs, comment tu peux les rejoindre dans ce qu’ils sont et font, comment tu peux en remettre debout, leur redonner confiance en eux mêmes, en les autres, en la vie, comment tu peux les inciter à devenir ou redevenir acteur et responsable de leur vie, c’est en me suivant sur ce chemin-là que tu peux, tout comme moi, donner beaucoup de fruits ”

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