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Homélie du 25 novembre 2018

Dimanche 25 novembre 2018 10h à l’église de Bollwiller: pendant l’accueil :

… aujourd’hui, pour moi, ce n’est pas seulement le 40ème anniversaire de mon ordination, c’est avant tout quarante ans de ministère que j’offre dans cette eucharistie… ces 40 ans….c’est toute une histoire ! 

Offrez de même votre histoire, notre histoire à chacun c’est même une histoire sainte, non qu’elle soit parfaite, mais parce que Dieu y est présent et nous accompagne – s’il ne m’avait pas accompagné, je ne serais peut être pas parmi vous maintenant !

L’homélie de la Fête du Christ-Roi de l’Univers– Fête de la Sainte Cécile et 40ème anniversaire d’ordination

La fête du Christ-Roi de l’Univers a été institué en 1925 par le Pape Pie XI dont l’aspiration profonde était d’étendre le Règne du Christ dans le monde en s’opposant ainsi fortement tant au nazisme qu’au communisme – il était aussi inquiet devant les menaces de guerres qu’il voyait grandir en Europe.

Plus sereinement, cette fête clôture l’année liturgique B où nous avons eu l’Évangile selon St Marc, comme compagnon de route. Cette célébration est à la charnière d’un temps qui se termine et d’un temps nouveau qui s’ouvre. Dimanche prochain, nous allons entrer dans le temps de l’Avent qui nous conduira à Noël, où nous ferons mémoire de l’événement original du christianisme : ‘’ Dieu s’est fait homme pour que naisse un monde nouveau ‘’.

Fêter Jésus comme roi nous amène à voir le tout de ce qu’il est : prêtre- prophète–roi – il a remplit la triple fonction : sacerdotale, offrant le vrai culte à Dieu – prophétique : parlant et agissant au nom de Dieu – royale : se préoccupant du bien de ses fidèles – par notre baptême, nous avons tous été incorporé au Christ et, et donc à sa suite, nous avons, de même, à assumer cette triple fonction : à notre baptême, par l’onction, nous avons été consacré: prêtre – prophète – roi – 

En 2001, lors du lancement du réaménagement pastoral du diocèse, Joseph Doré, l’évêque du moment, avait rappelé cette commune vocation baptismale en insistant sur le fait que laïcs et prêtres avaient mêmes qualités et même prérogatives, avec des responsabilités diversifiées – dans le concret, cela a des conséquences , des exigences: pas de baptisé non-ordonné aux ordres de baptisés ordonnés, en clair : aucun laïc n’est le simple exécutant servile des décisions d’un prêtre, et, de même, aucun prêtre n’a à parler et à agir selon les désiratas des laïcs, – en effet, dans la vie de l’Église, les choses se vivent, à tous les niveaux, en co-responsabilité – en tout cas, devraient se vivre en co-responsabilité, car ce n’est pas encore le cas partout – en ce qui me concerne, c’est dans cet esprit que j’ai, le mieux possible, assumé mes responsabilités dans tous les lieux, paroisse, mouvement apostolique où l’évêque m’a successivement envoyé depuis mon ordination il y a 40 ans et à le faire dans un esprit de fraternité, à l’expérience c’est ainsi qu’on est vraiment chrétien, c’est-à-dire disciple et ami du Christ, sinon on risquerait fort de déraper dans les virages et du terme CHRETIEN perdre le H et le deuxième E…ce qui serait quand même très embêtant… oui, parfois, ça se joue à deux lettres près…. Mais cette attention est encore à élargir : lors du congrès du Mouvement Chrétien des Retraités auquel j’ai participé en juin, l’un des intervenants à la table Ronde : ‘’ Vivre Ensemble ‘’ et à propos de la fraternité que cela demande de vivre, un rabbin du Mouvement Juif Libéral de France a lancé : Dans la Bible il est écrit que l’homme est à l’image de Dieu..pour moi, il est même plus : ‘’ l’Homme est le prolongement de Dieu ‘’ cela m’a interrogé: d’après mes paroles, ma façon d’être, mon comportement, est-ce que je peux être perçu par les gens comme le prolongement de Dieu ? … qu’il n’y ai pas de malentendu, je n’ai pas, comme pratique, de ‘’ caresser dans le sens du poil’’ … même Choupette, ma chienne, je la brosse régulièrement ‘’ à contre-poil’’ ( à rebrousse poil ) pour la débarrasser des parasites !

Pour ce qui est de vivre mon ministère dans un esprit de fraternité, tout au long de ces quarante années, c’est mon passé de Coeur Vaillant, de militant jociste qui m’a donné une très bonne base, c’est dans ce sens que j’ai aussi milité pour plus de simplicité et de proximité pour, entre autre, abandonner certains dénominations: monseigneur pour ce qui est de l’évêque et surtout monsieur l’abbé, monsieur le curé en ce qui me concerne : à ce propos, une anecdote : lors de l’accueil d’une famille qui présentait leur enfant pour le baptême: Gwendoline, la grande sœur qui était en CM1 ou Cm2, a lancé, en me voyant, un chaleureux : «  salut Raymond ! «  au grand dam de la famille, j’ai remercié la fillette de m’avoir salué avec mon nom de baptême, vu que je n’ai pas été baptisé «  monsieur le curé » 

faire un bilan, même en résumé, de ces quarante années de ministère est mission impossible…  mais je vais, quand même, me risquer à une opération un peu délicate: – 

J’ai quelques regrets : entre autre, celui d’avoir quelque fois parlé ou réagit trop vite au lieu de d’abord écouter ou de réfléchir

– des convictions aussi et parmi elles : tout prêtre a la responsabilité de contribuer à la formation humaine et chrétienne des laïcs, et en même temps les laïcs ont la même responsabilité envers les prêtres qui leur sont envoyés par l’évêque 

– et même encore beaucoup de rêves dont celui-ci : que tous les baptisés s’emploient à combattre et à faire reculer une espèce de cléricalisme rampant aussi bien dans l’Église que dans la société : le cléricalisme, au sens où les clercs: celles et ceux qui ont de la formation et des compétences prétendent pouvoir imposer leurs vues et décisions aux autres sans, au préalable, une réflexion digne de ce nom  ;

en contre partie l’exigence pour tout baptisé, c’est qu’il ait à coeur de s’informer et de se former humainement et chrétiennement afin d’assumer des responsabilités, grandes ou petites, dans la portion d’Eglise qui est la sienne, cela compte aussi pour ce qui est des associations et de la société civile

Aujourd’hui, je suis censé rendre grâce à Dieu pour tout mon vécu ; à la réflexion, je lui rends avant tout grâce d’avoir, par l’Esprit-Saint, insufflé à nombre de personnes assez de bienveillance et de patience pour qu’elles arrivent à me supporter – remarquez que l’Esprit-Saint m’a tout autant aidé pour que j’ai le même comportement envers ceux et celles que je me coltinais et cela n’était pas non plus de tout repos ! Je m’arrête là : mais en vous-mêmes vous pouvez continuer la réflexion …

Avant la prière d’envoi :

40 ans ! j’ai aussi 40 ans d’alpinisme, de 1974 à 2014, sans accidents, juste quelques émotions, ma sœur, qui est là devant à droite, peut en témoigner !

Pour ce qui est de mes 40 ans de ministère, j’en ai passé la moitié à Bollwiller, en comptant l’année de transition 1998/1999 – ayant la nomination de curé pour Bollwiller et Pulversheim depuis septembre 1999, puis pour Feldkirch, Raedersheim et Ungersheim depuis septembre 2003 et pour l’ensemble jusqu’en septembre 2012. Depuis je suis ‘’curé retraité et prêtre en activité’’, donc pas encore ‘’recyclé’’ !

Durant toutes ces années, ce qui m’a pour ainsi dire servi de boussole, c’est une parole du décret à propos des prêtres du Concile Vatican II, donc de 1964 : je cite : « Les prêtres sont des frères parmi leurs frères, membres de l’unique Corps du Christ, dont la construction est confiée à tous » ….en 1964, les sœurs n’y étaient pas encore mentionnées….mais pour moi, elles en faisaient toujours partie….

A propos de ‘’soeur’’, lors de mon départ d’une paroisse, une femme m’avait dit : «  tu étais pour nous un frère ! » moi : «  mais un frère un peu remuant ? »…. figurez-vous qu’elle a même dit ‘’oui ! – 

L’aube que je porte m’a été offerte en 1978 par des personnes de la paroisse N-Dame de la Paix de Sélestat, elle est presque miraculeuse, en 40 ans je n’ai pas réussit à l’user et aujourd’hui j’arrive encore à entrer dedans sans problème

Comme annoncé dans Le Lien : à l’issue de cette célébration, on se retrouve au Foyer St Charles pour l’apéro offert par les instances de la communauté de paroisses, ce dont je les remercie – et pour plus encore pour ceux qui le désirent, en « auberge espagnole » où on partage ce qu’on a amené à manger et à boire

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